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[Chapitre précédent]

    Derreck ouvre les yeux avec difficulté. Ses paupières sont lourdes, comme si quelqu’un voulait le forcer à les fermer. Il se trouve au milieu d’une plaine dans laquelle des centaines de personnes nues sont entrelacées les une avec les autres. Sans aucune gêne, aucune restriction, aucun tabou, elles se caressent, se lèchent ou s’embrassent. Elles reçoivent et offrent sans compter. Il cligne des yeux tandis que sa vision se floute. Une ombre le frôle et la voix caverneuse de Yag résonne dans sa tête : « Merveilleux n’est-ce pas ? » D’abord estomaqué, Derreck finit par murmurer : «
-Oui... » Yag ricane :
-Ceci n’est qu’un aperçu. Si tu m’aides… Ton monde pourra ressembler à ça, et bien plus encore… Qu’en dis-tu ? Cette idée te plaît-elle ? » Derreck hoche la tête avec un sourire et un air endormi :
-Beaucoup...
-Bien… Bien… Dans ce cas réveille toi. Réveille toi Derreck... » Ses yeux deviennent trop lourds à garder ouverts. Il s’endort et a l’impression de tomber lentement dans un puits sans fin…

    On le secoue, il a mal partout et grogne de douleur. Une voix très lointaine résonne dans sa tête : « Monsieur ? » Une lumière aveuglante lui brûle les yeux. Il pousse un léger cri de détresse et se met à tousser. Tout son corps hurle, ses os, ses muscles et son crâne le torturent. Il a froid et se met à trembler ce qui n’arrange pas sa peine. Il entend quelqu’un demander : « Monsieur ?! » Et se réveille en sursaut. Regrettant immédiatement son mouvement qui lui envoie des tisons ardents de souffrance dans le corps. Il couine, réalise qu’il a le visage collé dans la boue et se tourne avec difficulté sur le dos. La voix s’inquiète : « Oh grands dieux, est-ce que ça va ? Je ne vous ai pas fais mal au moins ? » Il découvre alors une femme splendide. Elle a un charmant minois couvert de tâche de rousseurs et d’amples cheveux bouclés auburn. Ses yeux bleus clairs sont alarmés mais changent d’expression quand elle découvre Derreck. Ses joues rougissent et elle demande : « Monsieur, vous m’entendez ? » Derreck s’étrangle :
-Je... » Sa gorge aussi sèche que du sable le fait tousser et il se crispe. La femme s’empresse d’attraper une gourde et lui dépose le goulot au bord des lèvres. Il avale goulûment une gorgée et gémit de douleur quand le liquide descend dans on œsophage. « Vous avez l’air mal en point. » Lui dit-elle, il se souvient alors de son couteau et de sa blessure. Il tâte son cou et sursaute lorsqu’il ne sent rien, pas la moindre plaie. Il est en revanche encore couvert de sang séché et de boue. La femme rousse le remarque et lui demande avec horreur : « Que s’est-il passé ? Êtes vous blessé ? » Rapidement Derreck trouve une excuse et s’explique d’un voix éraillée :
-Ah… non c’est que… j’ai été attaqué par un Rat géant. Il a prit le dessus sur moi... mais je suis parvenu à le blesser. C’est son sang que j’ai reçu. » Il sourit pour rassurer la rouquine. Elle semble accepter son histoire et lui demande : « Vous pouvez vous lever ? » Elle l’aide à se redresser et il tangue un instant avant de retrouver son équilibre. Il s’essuie le visage avec une manche encore propre de sa veste. Après quoi il regarde autour de lui et retrouve le décors dans lequel il s’était évanoui après avoir… Il voit son couteau de chasse gisant dans la boue et se met à trembler. La femme lui demande : « Est-ce que tout va bien ? On dirait que vous vu un spectre… » Derreck se met à ricaner nerveusement avant de se rendre compte qu’il se sent un peu à l’étroit. Il jette un œil à ses vêtements et voit que ceux-ci on rétréci. Après vérification c’est plutôt lui qui a pris en volume, de beaux muscles taillés sont apparus partout sur son corps. Il se tortille lentement pour vérifier son dos et ne remarque pas que la femme le dévore du regard. Il finit par ramasser son arme et la ranger, ses mouvements sont maladroits et malaisés, si bien que la beauté rousse lui demande : « Vous avez bu hier soir ? » Le premier réflexe de Derreck est de réfuter avec indignation, sa voix toujours enrouée :
-Non ! Je suis trop jeune pour consommer de l’alcool. » Il regrette immédiatement de ne pas avoir saisit cette excuse au vol quand elle le questionne à nouveau :
-Alors comment vous êtes vous retrouvé dans un état pareil ? » Elle croise les bras sur son torse et Derreck y découvre un décolleté plongeant sur généreuse poitrine. Son vis-à-vis est habillée d’un corset sans manches, d’une cape de voyage, d’une robe mi longue, de longs gants et d’une paire de bottes montantes. Ses vêtements sont de bonne fabrique mais quelques peu usés. Derreck réfléchit à toute vitesse pour trouver une excuse, mais finit par hausser les épaules et déclarer avec difficulté : « Je n’en ai aucune idée. J’ai échappé au Rat géant et puis j’ai erré pendant un temps. Après je ne me souviens de rien... » La beauté rousse fronce les sourcils avec un moue dubitative. Elle finit par soupirer : « Tout ça me semble bien louche, mais je vais vous aider. Attention par contre, pas d’entourloupes ou je vous fais passer un sale quart d’heure. » Derreck se crispe et sourit mal à l’aise en hochant la tête. La femme rousse lui demande : « Comment vous appelez-vous ?
-Derreck... » Il s’interrompt. Hier encore il aurait donné le patronyme de Frederick, mais aujourd’hui : « Juste Derreck, ma famille m’a rejeté. » La rouquine fait une fois de plus la moue avant de répondre :
-Je m’appelle Layla, Layla Gardiner, je suis ménestrelle. » Derreck remarque en effet le luth qu’elle porte avec son grand sac à dos. Elle continue : « D’où est-ce que vous venez ? » Derreck se souvient de son petit village et de la manière dont il a été chassé de là bas. Impossible pour lui d’y retourner, ou d’en parler à Layla. Il ferme les yeux et les paroles de Yag lui reviennent en mémoire : « Langekan… Je… Je dois me rendre à Langekan... » Le visage de son interlocutrice s’illumine et elle répond avec enthousiasme :
-Langekan ? C’est l’endroit où j’allais ! Nous pouvons faire le chemin ensemble si vous voulez ? » Derreck ne sachant absolument pas comment s’y rendre, ne peut qu’accepter. Il se met en route en boitillant et marche aux côtés de Layla. Il s’étire et s’échauffe avec de petits mouvements pour finir d’évacuer les dernières traces de douleurs. Il ne remarque pas à quel point Layla le scrute comme si il s’agissait d’un délicieux met qu’elle voudrait dévorer. Il est perdu dans ses pensées, car il n’a visiblement pas rêvé sa tentative de suicide. Mais par la suite son échange avec ce dieu étrange aux manières excentrique lui semble irréel. La veille il vivait une existence paisible et aujourd’hui, il a tout perdu. Plus de proches, plus de maison et plus d’équipements. Il s’apprête à discuter avec Layla quand son ventre se retourne dans un gargouillis sonore. Derreck devient rouge de honte et s’enferme dans un mutisme gêné. Layla pouffe de rire et lui demande : « Vous avez faim ? » Il hoche timidement la tête avant de marmonner : « Je n’ai pas un sou, mais je vais aller me chercher des baies dans les bois. Vous n’avez qu’à me dire de quel côté se trouve Langekan et je... » Son accompagnatrice attrape son sac à dos, l’ouvre, farfouille dedans et lui tends un genre de pain sec. Derreck le regarde avec appétit puis serre les dents et avoue : « Je… Je n’ai rien à vous donner en échange… » Layla lui met la ration dans les mains :
-Prenez. Ce n’est pas grand-chose, alors ne faites pas de manières. » Derreck reçoit la nourriture à contre cœur avant de répondre :
-Je trouverai un moyen de vous rembourser. » Il commence à mordre dans le gâteau et ne voit pas le regard concupiscent de Layla qui descend sur son nombril :
-Je suis sûre qu’on trouvera un arrangement. » Avant de produire un petit sourire coquin. Derreck est absorbé par son repas. La pitance est dense, riche en saveur et gonfle au contact de sa salive. À mesure qu’il mange et retrouve des forces, des larmes coulent sur ses joues sans qu’il puisse s’en empêcher. Layla le remarque et se met à rougir. Derreck finit par engloutir la ration, s’essuie le visage et remercie chaleureusement sa camarade. Elle lui réponds qu’elle n’a pas fait grand-chose et commence à l’interroger : « Vous voyager souvent seul ainsi ? » Derreck fait non de la tête :
-Je ne m’étais jamais vraiment éloigné de chez moi avant aujourd’hui. » Il l’observe et demande : « Et vous ? Vous voyagez seule ? » Layla se recoiffe avant de répondre :
-Pas toujours et en général non. Je sais me défendre mais je serais bien embêtée si je tombais nez à nez avec des brigands. » Derreck fronce les sourcils :
-Il y en a par ici ? » Il commence à regarder autour de lui, les grands arbres de forêt bloquant son champ de vision. Layla lui sourit :
-Pas que je saches. En général quand une bande de pillards s’installe quelque part, elle ne reste pas longtemps. » Derreck fronce les sourcils :
-Pourquoi ça ? »
-Hé bien si les attaques sur des voyageurs sont trop répétées, la guilde des aventuriers enverra un groupe pour se charger d’emprisonner ou tuer les bandits. Ce n’est pas une profession qui a de l’avenir… » Derreck la taquine :
-Aventurier ? » Layla pouffe de rire :
-Mais non ! » Il lui sourit :
-Petit je rêvais d’en devenir un. Je voulais arpenter les terres de Rolon pour combattre le mal. » Layla lui rétorque :
-Vu votre condition vous pourriez tout à fait. » Elle fait référence à la musculature du jeune homme. Ce dernier rougit et rétorque :
-Oh… ouais… Si ce n’est que je n’ai pas l’étoffe d’un héros. Je me vois mal sauver la veuve et l’orphelin.
-Le métier d’aventurier est vaste, il y en a de tous les types et tous ne sont pas de vaillants guerriers. J’en suis moi-même une. » Elle lui montre fièrement un pendentif de fer. Simple petite plaque décorée de gravures. Derreck le regarde en fronçant les sourcils et demande :
-Qu’est-ce que c’est ? »
-Une preuve de mon appartenance à la guilde des aventuriers de Langekan, ainsi que de mon grade. Il définit ma valeur et les quêtes auxquelles je peux aspirer. De plus il porte mon nom au cas où il m’arriverait malheur et qu’on retrouve mon corps. » Derreck réponds :
-C’est bien sinistre… »
-C’est un des risques du métier. Mais la plupart du temps je ne travaille que pour divertir des tavernes ou des soirées mondaines. » Elle aperçoit une trouée dans un bosquet et déclare : « Venez, je crois qu’il y a un cours d’eau par ici. Vous pourrez vous y nettoyer. » Derreck approuve et ils quittent la route pour suivre un petit sentier de terre serpentant entre les fourrés. Ils marchent quelques minutes en prenant garde de ne pas trébucher et finissent pas déboucher sur une rivière. Layla s’en approche pour remplir sa gourde pendant que Derreck trouve un bassin naturel ou l’eau emprisonnée est calme. Lorsqu’il découvre son reflet à la surface, il voit le visage que portait Yag dans son rêve. La version plus séduisante et masculine de lui même. Il n’est pas effrayé car il parvient tout de même à se reconnaître, mais il est mal à l’aise. Il surmonte son dérangement et retire sa chemise pour la laver. Il la serre pour la sécher un peu et la pose sur un rocher derrière lui. Il ne remarque pas qu’une fois de plus Layla le déshabille du regard en se mordillant la lèvre inférieur. Il s’asperge le visage et nettoie le sang séché sur son menton, son torse et son cou. Il passe ses doigts là où aurait du se trouver la plaie qu’il s’était infligé et ne sait pas quoi penser de cette guérison miraculeuse. Il renfile sa chemise mouillée et se met à grelotter. Il tâche de ne rien en montrer à Layla, mais elle semble l’avoir remarqué et annonce : « Reprenons la route, il y a un avant poste de gardes un peu plus loin avec une taverne. Je connais le propriétaire, on va te récupérer des vêtements secs à ta taille. » Derreck tique en l’entendant le tutoyer mais s’imagine qu’elle a fourché. Il balbutie :
-Mais… j’ai… Je n’ai pas de quoi payer. » Layla lui fait signe de ne pas s’inquiéter et ils remontent le chemin en direction de la route. Une fois côte à côte Derreck demande timidement : « Layla, pardonnez ma question mais… Comment une ménestrelle fait-elle pour effectuer le travail d’aventurier ? En dehors de vos missions de divertissements, vous arrive-t-il de combattre des monstres ? » Son interlocutrice acquiesce :
-J’ai bien une massue en bois pour me défendre, mais en vérité mon pouvoir me vient des chants, une magie du son qui a pour effet d’atteindre ceux qui peuvent l’entendre. Je l’utilise en général pour aider mes camarades, en renforçant leurs pouvoirs, leurs aptitudes ou même en les soignant. » Derreck ouvre de grands yeux ronds :
-Vous pouvez guérir des gens juste en jouant du luth ?! C’est fantastique ! » Layla se met à rougir :
-Je ne peux malheureusement soigner que des blessures physiques légères. Les maux de l’esprit ou les maladies sont encore hors de ma portée, bien qu’il existe des chants capable de les repousser. De plus je ne peux pas les pratiquer sans cesse, ils m’épuisent rapidement et je dois me reposer entre chacune de leur utilisation. » Derreck est en totale admiration devant Layla :
-Vous pouvez donc divertir et aider les gens ? Vous êtes trop forte... » Elle rit avec gêne et lui met un léger coup de poing dans le bras :
-Arrête tu vas me faire rougir. » Derreck note qu’elle est définitivement passée au tutoiement tandis qu’elle lui demande : « Et toi ? Que sais-tu faire ? » Le jeune homme devient un peu morose :
-J’ai appris les bases du métier de trappeur. Je suis loin d’être un maître dans la matière. » Layla lui sourit :
-Tu sais déjà certainement mieux te débrouiller que la plupart des aventuriers de bronze que j’ai rencontré. Certains ne savent même pas manier une épée et veulent se lancer à l’attaque d’un antre de dragon. » Elle soupire avec mépris : « Le plus important dans le métier d’aventurier, c’est de savoir ce que l’on vaut. » Puis regarde devant elle et s’exclame : « Nous y voilà ! L’auberge dont je t’ai parlé. » Du doigt elle lui désigne une petite tour en bois dépassant de la cime des arbres. À mesure qu’ils approchent Derreck découvre un fortin tout de planches et de rondins. Ils passent une large porte grande ouverte où deux gardes les saluent nonchalamment. Une fois dans l’enceinte, Derreck découvre un endroit boueux disposant de bâtiments de toutes sortes dont l’utilité lui échappe. Layla se dirige vers une grande maison surélevée et en grimpe les marches du pallier. Derreck se rue à sa suite. Elle entre par la porte ouverte et s’exclame : « Bonjour ! Comment allez-vous ?! » Derrière un comptoir au fond de la salle, un homme bien en chair mais au visage chaleureux s’exclame : « Mademoiselle Gardiner ! Quel plaisir de vous revoir ! Quel bon vent vous amène ? » Layla se lance dans une explication, racontant qu’elle vient de terminer une quête et qu’elle rentre à Langekan. Derreck fait un tour sur lui-même et apprécie le décors de la salle. Un âtre en pierre, des tentures colorées mais pas criarde et enfin en plein centre d’un mur, une tête de bête empaillée. Derreck a le souffle coupé : « Un Éventreur ?! Il était énorme !... » Une créature maléfique proche cousin du sanglier, dont les défenses étaient capables de percer des armures en plaques. Le cuir épais de ces créatures les rendaient extrêmement durs à tuer. Le patron l’interpelle : « Belle saloperie hein ?! J’avais posté une quête à Langekan pour m’en débarrasser. Cette abomination ravageait mes champs de patates au dessus du fortin et s’en prenait à mes clients la nuit. Il a fallut que les héros venus le vaincre s’y mettent à cinq pour l’abattre. Un combat redoutable ! » Derreck est en admiration et marmonne :
-Mon pè... » Il se reprend, Frederick n’était pas, et ne serait plus son père : « Mon mentor, m’a raconté que lorsqu’il était jeune. Son oncle avait eu à faire à un Éventreur. Il avait creusé des fosses à pieux partout autour de son village, après des semaines de terreur et de chasse, la bête était enfin tombée dedans et ils avaient pu l’achever. Ils avaient brûlé le corps car la chair de ces choses n’est pas comestible. » Le patron de la taverne hoche la tête :
-Bien vrai, ces cochonneries viennent du Royaume de la Sauvagerie, un plan inférieur d’existence et de magie noire. J’ai fait empailler la tête par un mage. Autrement le pauvre taxidermiste qui s’en serait chargé aurait était grièvement blessé. » Derreck sourit avec approbation et Layla en profite pour s’adresser au tavernier :
-Dis-moi, mon ami ici présent aurait besoin de frusques, tu as toujours ton panier à objets trouvés ? Est-ce qu’on peut se servir dedans ? » Le tenancier se renfrogne :
-Tu me connais, je ne fais pas la charité... » Il voit les yeux suppliants de Layla et grommelle : « Mais bon… je peux faire une exception. » Il quitte son poste et se dirige vers un escalier menant à l’étage. Il se glisse sous ce dernier et grogne en faisant un effort pour récupérer une immense corbeille en osier. Il la pose devant lui et leur fait signe de se servir. Layla se rue sur le trésor d’étoffes et commence à en faire le tri. Derreck se permet de s’incliner devant le tavernier et de le remercier avant de rejoindre sa camarade. Elle se retourne avec un pantalon marron et le tend devant elle pour en comparer la taille avec Derreck. Elle approuve et lui jette dans les bras puis continue de chercher frénétiquement. Elle finit par lui dégotter une ceinture, une chemise beige avec un col ouvert une veste en fourrure brune et une cape de voyage vert foncé. Elle prend un sac à dos et va voir le patron pour lui demander quelques provisions. Derreck l’entend expliquer que c’est pour lui et qu’elle payera, il se sent mal de bénéficier ainsi de sa générosité. Le tavernier disparaît derrière une porte avec le sac à dos. Un peu déboussolé et désemparé, Derreck commence timidement à retirer sa vieille chemise encore humide, Il enfile les nouveau vêtement et se réjouit d’enfin pouvoir bouger sans gêne. Il commence à déboutonné son pantalon mais s’interrompt lorsque le tavernier tousse fortement, il est revenu de la réserve et lui dit : « Tu sais mon gars, tu peux aller à l’étage pour te changer, il n’y a plus de clients. » Un peu penaud Derreck le remercie et s’empresse de monter l’escalier. Il ne voit pas Layla lancer un regard assassin au propriétaire qui sourit. Il se change rapidement et lorsqu’il retire son pantalon il découvre son onzième doigt qui a très largement changé de proportion. Derreck reste sans voix et n’en revient pas, il a vraiment prit complètement l’apparence que Yag avait dans son rêve. Il a de plus en plus la sensation que cette rencontre n’était pas le fruit de son imagination. Il revoit alors la vallée aux corps entremêlés et la promesse de Yag. Son cœur s’accélère et son membre commence à durcir. Paniqué, Derreck le fourre tant bien que mal dans son pantalon, respire un grand coup et redescend au rez-de-chaussé. Lorsqu’il repasse à côté du panier, il décide de le ranger et ne remarque pas que Layla fixe son entrejambe gonflée. Ses joues sont rouges comme une tomate et elle se force à retrouver son calme. Le tenancier lui murmure : « Drôle d’énergumène celui-là. Tu l’as trouvé où ? » Layla ne l’entends pas, elle est en complète admiration de Derreck qui ressort de sous l’escalier et s’approche avec son magnifique sourire qui la fait fondre à chaque fois. Le jeune homme s’incline à nouveau devant le tenancier : « Encore une fois je vous remercie monsieur. » Le patron souffle fortement :
-Tu penseras à me laisser un pourboire la prochaine fois que tu passes. » Derreck est d’abord surprit, mais il s’exclame avec enthousiasme :
-Oui ! C’est promis ! » L’aubergiste le regarde avec affection :
-T’es vraiment un loufoque toi. » Layla lui désigne le sac à dos et Derreck le ramasse avant de la remercier les larmes aux yeux :
-C’est trop… On se connaît à peine… J’ai l’impression de profiter de ta gentillesse. » La ménestrelle s’empourpre et balbutie :
-Tu n’as qu’à promettre de me rembourser. Je sais que tu le feras. » Derreck lui sourit chaleureusement :
-Entendu, c’est promis. » Layla a soudainement chaud et s’exclame :
-Remettons-nous en route ! Il nous reste du chemin avant d’arriver à Langekan. » Elle sort à toute vitesse en saluant rapidement le tenancier qui semble très amusé. Derreck remercie encore l’homme et trottine pour rattraper Layla qui quitte déjà le fortin. Lorsqu’il arrive à sa hauteur il prend le temps de regarder le contenu de son sac. Il y a quelques rations, une corde, une gourde, de l’amadou et des silex, enfin un oreiller et une couverture. Derreck ne peut s’empêcher de penser que cet attirail a dû coûter cher à Layla et sa culpabilité monte d’un cran. Le silence devenant pesant, il finit par lui demander : « En quoi consistait ta dernière quête ? » La ménestrelle lui sourit et commence à lui raconter ses aventures. Elle lui explique qu’elle s’est joint à un groupe constitué d’un guerrier protecteur, d’un danseur de guerre, et d’une mage, et qu’ensemble ils ont nettoyé la ruine d’un ancien fort, infestée par une tribu de gobelins. Derreck la questionne sans cesse et s’émerveille, passionné par le récit. Les heures passent, Layla en est à sa cinquième histoire quand le soleil se couche et que la luminosité du jour décline. La ménestrelle propose de retrouver la rivière et de camper à proximité. Il quittent donc la route et s’enfoncent dans les bois. Ils parviennent à trouver le cours d’eau et le suivent un moment avant que Derreck ne repère un endroit parfait pour s’installer. Une sorte de creux dans la terre entre trois arbres, impossible de le voir à moins de le chercher. Il propose de faire à manger et Layla semble surprise. Elle lui donne quelques ustensiles qu’elle extirpe de son sac, et il va faire un tour dans la forêt pour trouver des herbes aromatiques ou des fruits. Pendant ce temps Layla enlève les caillou et les branches de leur coin caché pour pouvoir installer leurs couvertures et préparer leur paillasses, puis elle va ramasser du bois. Derreck finit par trouver des champignons, de l’ail des ours et de la mélisse citronnée. Il retourne au camp et commence à préparer un feu. Layla lui fait part de ses craintes quand aux risques de se faire repérer par des créatures maléfiques en faisant de la fumée, mais Derreck la rassure en lui déclarant qu’il connaît une technique pour éviter cela. Il empile du bois sec en une petite pyramide et en allume le sommet, ne produisant ainsi qu’un minuscule filet de fumée. Il prépare ensuite dans la petite marmite de Layla, un bouillon avec l’eau de la rivière, ses rations séchées et les ingrédients sauvages récoltés. Il laisse mijoter le tout pendant un moment tandis que Layla gratte les cordes de son luth et fredonne des airs de chansons. Elle le fait tout bas pour ne pas attirer d’éventuels monstres ou bandits, mais Derreck l’entend tout de même et se laisse bercer par le rythme de la douce mélodie. Layla continue de jouer ainsi jusqu’à ce que Derreck lui serve un bol de ragoût et le lui tende avec une cuillère. Le temps de le laisser refroidir un peu Layla y trempe les lèvres et déclare avec surprise : « C’est excellent... » Derreck se met à rougir et balbutie :
-Oh… Non c’est… Ce n’est pas grande chose. J’ai vraiment cuisiné à la va-vite. Si j’avais eu un peu de sel, de crème ou de viande ça aurait été bien meilleur. » Layla engloutit son bol et se ressert immédiatement :
-C’est effectivement préparé sur le pouce, mais je mange des rations insipides depuis une semaine alors... » Elle pousse un râle de plaisir dès qu’elle goûte une nouvelle bouchée. Elle s’émerveille : « Où as-tu appris à cuisiner comme ça ? » Le visage de Derreck s’assombrit :
-Tout seul principalement. Mon… mentor m’a élevé dès le berceau, mais il n’était pas très présent. J’ai appris à me débrouiller par moi-même depuis tout petit. Plus tard j’ai beaucoup discuté cuisine avec les femmes du village et j’ai amélioré ma technique. » Il repense à ces personnes et son cœur se serre. Sans s’en rendre compte son expression devient triste et douloureuse. Layla remarque sa détresse et lui demande :
-Chaque fois que tu parles de ton passé tu… Tu as l’air si mélancolique. » Derreck inspire un grand coup avant de répondre dans un murmure :
-J’ai été chassé par mes proches à la suite d’un malentendu… Je ne pourrai jamais revenir au pays... » Layla lui répond avec peine :
-Tu devrais essayer d’y retourner pour arranger les choses, c’est important la famille... » Derreck voit défiler les visages de ses proches, tous le méprisent et le regardent avec dégoût. Il aurait bien souhaité s’excuser auprès de Symonne, mais les autres ne le laisseront plus l’approcher. Surtout Frederick. Son œillade furieuse, cette haine qu’il lui a démontrée… Derreck soupire : « Même si je parvenais à me faire comprendre et pardonner… Certaines blessures ne se refermeraient pas… » Il réalise qu’il ne pourra plus vivre avec Frederick, car chaque fois que leur regard se croiseraient, il y verrait cette colère démentielle. Layla termine son repas et lui demande alors avec tendresse : « Que vas-tu faire dans ce cas ? » Derreck hausse les épaules d’abord, il vide son bol et le pose à côté du feu. Il lève les yeux au ciel et la vision des corps enlacés nus de son rêve, la promesse de Yag, tout lui revient en mémoire. Il soupire, les larmes aux yeux et la voix tremblante il déclare : « Je vais œuvrer à rendre le monde meilleur. En faire un endroit où les gens n’auront pas peur de se dire les choses. Ainsi il n’y aura plus de disputes et de douleurs… Seulement du bonheur. » Il se tourne pour regarder la réaction de Layla et sursaute quand elle se penche sur lui pour coller ses lèvres contre les siennes. Le cœur de Derreck s’emballe, son esprit s’embrouille et il ne sait pas quoi faire. Il sent le souffle chaud de Layla, ainsi que sa langue dardant la sienne. Il se laisse aller et répond à son étreinte, leurs corps collés l’un à l’autre. Après ce qui lui semble durer de longues minutes, Layla se recule et se pourlèche les lèvres. Derreck voit soudain le visage de Symonne se superposer à celui de la ménestrelle, et il commence à paniquer. Layla le regarde avec inquiétude : « Tu vas bien ? » lui demande-t-elle doucement. Derreck bredouille :
-C’est que… la dernière fois que j’ai… enfin la précédente fille avec qui j’ai… » Il ne trouve pas ses mots, et finit par soupirer : « Elle a prit peur et s’est enfuie... » Layla le regarde avec une tendresse débordante et se jette sur lui pour le couvrir de baiser et se frotter à lui. Le cœur de Derreck bondit dans son torse, lui donnant l’impression qu’il va exploser. Layla commence à lui embrasser le cou, et c’est si agréable qu’il en fait de même, provoquant un gémissement chez la ménestrelle. Du genre de ceux que poussait la femme de la rivière. Derreck lui attrape le visage et la regarde droit dans les yeux. Elle n’a pas peur de lui, c’est autre chose… le contraire même, elle semble vouloir se rapprocher. Elle commence à lui soulever les vêtements et à caresser son torse. Son contact est affectueux, doux bienveillant. Derreck s’abandonne dans cette étreinte et sent son pantalon se serrer. Layla cesse de l’embrasser et l’aide à se déshabiller, il est bientôt nu, allongé sous elle. Couchés l’un sur l’autre, elle embrasse doucement son torse glabre et musclé. Elle jette un coup d’œil à son onzième doigt tendu et soupire avec admiration : « Impressionnant. » Elle l’attrape avec sa main gauche qui semble si petite à côté. Derreck pousse un cri de surprise aigu. Layla se met à sourire et revient l’embrasser dans le cou en murmurant : « Comment fais-tu pour être si viril et mignon à la fois… ? » Avant que Derreck ne puisse formuler une réponse, elle glisse sa main le long de son membre. Il s’étrangle de plaisir et se cambre, son corps ne lui obéit plus. Lui voudrait échapper à l’étreinte de Layla, mais son bassin se dresse frénétiquement pour aller chercher encore plus son contact. Son corps entiers est parcouru de décharges agréables qui le font couiner. Tout en continuant de caresser son membre, Layla descend son visage au niveau de son torse, de son nombril, puis elle est bientôt nez à nez avec son onzième doigt. Il est aussi long que son visage et cache son nez ainsi que la moitié de ses yeux. Elle est subjuguée et l’admire, sa respiration rauque chatouillant Derreck. Elle continue de le toucher, puis l’embrasse et le lèche. Derreck rue et manque de repousser Layla qui doit s’accrocher, il s’exclame : « Par les Dieux ! » Elle ricane et finit par sucer le sommet du membre du bout de ses lèvres. Derreck reçoit un poignard dans le cœur et son membre crache une giclée impressionnante de liquide blanc. Surprise Layla en reçoit dans la bouche, puis sur le visage avant de s’écarter. La tête de Derreck lui tourne, il tombe sur le dos et il lui faut quelques secondes pour se redresser. Il découvre Layla en train de se nettoyer la figure, il s’avance pour l’aider, mais elle attrape un mouchoir dans sa poche et termine de s’essuyer. Lorsque c’est fait, Derreck est pris d’une irrésistible envie de poser ses lèvres sur celles de Layla. Il se penche sur elle, et procède de la même manière qu’elle l’a fait avec lui. Il l’embrasse, puis descend dans son cou, soulève ses vêtements et la caresse. Craignant de l’effrayer de la même manière que Symonne, il est extrêmement délicat et ne l’effleure que du bout des lèvres et des doigts. Elle tremble et remue à son contact, mais pas de peur. Il la déshabille en prenant soin de ne pas abîmer ses vêtements. Lorsqu’il découvre la voluptueuse poitrine dénudée de Layla, son cœur manque un battement. Derreck la caresse avec douceur et sent ses doigts s’enfoncer dans la chair moelleuse. Layla pousse un gémissement rauque et il craint de lui avoir fait mal, il est sur le point de lâcher sa prise, mais elle murmure : « Plus fort... » Il referme ses mains et commence à masser les amas de chairs, provoquant de petites plaintes aiguës de la ménestrelle. Tout en continuant à tâtonner, Derreck descend son visage au niveau du nombril de Layla et l’embrasse, puis arrive au niveau de son entrejambe. Ce qu’il y découvre l’émerveille. Une fente de chair, mais pas une blessure puisqu’à priori Layla ne souffre pas. Comme elle l’a fait pour lui, il commence à l’embrasser et à la lécher. Rapidement elle pousse des gémissements de plus en plus sonores et agrippe le crâne de Derreck, lui confirmant qu’elle apprécie l’acte. Il se laisse guider jusqu’à un bouton de chair qu’il darde de sa langue, Layla pousse des râles rauques et se cambre en gémissement : « Oui… Là... » Il la sent ruer sous lui et resserre doucement son étreinte. La respiration de la ménestrelle s’accélère, jusqu’à ce qu’elle hoquette en gémissant et finisse par pousser un long râle plaintif, son corps entier se gainant. Derreck sent soudain son âme s’obscurcir, le ricanement de Yag résonne dans son crâne pendant un instant et il sursaute. Puis plus rien, il se tourne vers Layla qui semble se liquéfier et devient flasque. Derreck s’essuie le visage avec son avant-bras avant de remonter au niveau de celui de Layla et de lui demander : « Ça va ? » La barde lui sourit avec douceur et chaleur, puis murmure entre deux halètements : « Oui... ». Le jeune homme regarde son onzième doigt à nouveau dressé, il veut essayer de se joindre à Layla par sa fente, comme le couple de la cascade. Il s’approche et elle sursaute en geignant : « Non attends... » Derreck se fige et son cœur devient glacial. Elle aussi va le repousser, et le regarder comme un monstre. Avec crainte il fixe son regard dans celui de Layla, qui lui dit : « Je viens de jouir… attends… viens là... » Elle lui tend les bras et il s’approche d’elle pour la câliner. Derreck est enivré de sensations agréables, le goût des lèvres, l’odeur des cheveux et la douceur de la peau de la ménestrelle. Ils s’enlacent ainsi durant de longues minutes, puis sans un mot, juste par un regard, ils se tournent vers leur entrejambe. Layla écarte ses cuisses et Derreck tente maladroitement de s’introduire en elle, si bien qu’elle finit par le guider. L’instant de leur union est une symphonie de plaisir pour Derreck dont la vision devient blanche. Il pousse un râle rauque tandis que son onzième doigt est enserré par une chaleur et une moiteur inédites et délicates. Son esprit est incapable de se concentrer sur autre chose. Il reste ainsi quelques secondes puis sursaute quand Layla commence à remuer en dessous de lui, levant ses hanches puis les descendant. L’image du couple de la rivière lui revient et il commence à imprimer un mouvement de balancier avec son bassin. Layla se met à gémir plus fort et s’agrippe à lui. Les décharges de plaisir son insoutenables, Derreck se crispe et sa félicité ne fait qu’augmenter. Tout en continuant d’onduler, il ferme les yeux et se force à se détendre, son euphorie s’adoucit légèrement et il se concentre sur Layla. La ménestrelle est blottie contre lui, ses ongles plantés dans son dos, mais la douleur est estompée tant les sensations au niveau de son entrejambe surpassent tout le reste. Il pose ses lèvres contre les siennes, et l’étreinte sur son onzième doigt se fait plus serrée. Elle sursaute et le lâche pour glisser en arrière et s’allonger sur le dos en murmurant : « Derreck… Derreck... » à chaque fois que son membre s’enfonce complètement en elle. Leur rythme d’abord lent, s’accélère jusqu’à devenir frénétique. Layla ne parvient plus à s’exprimer et bredouille : « Ça vient… ça vient... » Puis sans prévenir elle se cambre et est secouée de spasmes incontrôlables tandis qu’elle pousse un long gémissement plaintif. Une fois de plus Derreck sent son être se teinter de ténèbres, la voix de Yag susurre aux tréfonds de son esprit : Oui… encore… Derreck attrape Layla et la dépose sur une couverture pour l’allonger sur le ventre. Légèrement inquiète elle marmonne : « Quoi ?… Qu’est-ce que tu… ? » Mais sa phrase se transforme en cri de surprise quand Derreck pousse son onzième doigt dans sa fente à nouveau, et reprend les mouvements de bassin. Layla se met à paniquer et à supplier : « Attends… attends tu vas me... » Mais rapidement ses protestations se transforment en gémissements gutturaux et bestiaux. Elle est à nouveau secouée par de puissants tremblements, et Derreck entend Yag dans son esprit : Continue… Oui… La ménestrelle tente de ramper pour s’extirper de leur étreinte, mais Derreck s’allonge sur elle et continue de lui imprimer des mouvements de hanche. Elle se met à couiner entre chacune de ses respiration : « Je vais… perdre… la tête... » pourtant il ne s’arrête pas. À maintes reprises il la sent se tortiller, se crisper sous lui puis pousser un cri étouffé, se détendre et enfin recommencer à gémir et à se débattre. Lui continue ses mouvements, éprouvant chaque fois plus de plaisir à mesure que l’étreinte sur son onzième doigt se resserre, que les murmures de Yag le congratulent et que son corps refroidit et s’engourdit. Pourtant il a l’impression d’être si vivant, si puissant et fragile à la fois, qu’il refuse de s’arrêter, il veut que ce moment dure pour l’éternité. Mais il sait… il sent… que quelque chose s’éveille et monte en lui. Il ne va pas tarder à expérimenter le plaisir de relâcher le liquide blanc. Il effectue les mouvements les plus amples et les plus rapides qu’il lui est possible de produire. Layla se met à crier comme un animal souffrant et gémit des : « Oui ! » entre chacun de ses vagissements rauques. Enfin Derreck n’en peut plus, il effectue un dernier va-et-vient puissant, provoquant un nouveau spasme chez Layla, puis, alors que son corps refroidit à nouveau il retire son onzième doigt d’elle, et laisse son liquide blanc gicler sur le dos de la ménestrelle gisant devant lui. Son être et son âme s’embrasent dans une explosion d’euphorie. Layla est secouée de tremblements et pousse de petits gémissements sans s’arrêter. Derreck reprend son souffle, puis s’inquiète, il la tourne sur le côté, s’approche d’elle et lui murmure, anxieux : « Layla, est-ce que ça va ? » Les yeux de la ménestrelle semblent le distinguer sans le voir dans une expressione de béatitude totale. Elle pleure et de la bave coule de sa bouche souriante. Elle tend les bras et les enroule autour du cou de Derreck avant de l’attirer à elle. Elle pose ses lèvres contre les siennes et se frotte à lui de manière similaire à leur précédente étreinte, mais sans se joindre à lui. Elle gémit encore pendant un moment avant d’enfin s’apaiser, après quoi elle sombre dans un sommeil de plomb. Derreck la regarde tandis qu’elle s’apaise tout en respirant doucement contre lui. Avec délicatesse, il attrape leurs oreillers, leurs couvertures et l’installe confortablement. Il la garde dans son étreinte et s’endort ainsi, couvert de sueur et épuisé.

    Son réveil est agréable alors qu’il sent des caresses sur son visage. Il ouvre les yeux et découvre ceux de Layla fixés dans les siens. Il lui sourit et lui murmure : « Bonjour... » Elle lui rend son salut et dépose un léger baiser sur ses lèvres. Puis elle se lève, les couvertures glissent de son corps et révèlent sa nudité. Derreck sent son cœur s’agiter, mais son onzième doigt reste calme. Layla se dirige vers la rivière ou elle commence à faire sa toilette. Derreck décide de la rejoindre, il attrape leurs vêtements et vient se placer à côté d’elle. Alors qu’ils se nettoient en silence, Derreck brûle de lui poser des centaines de questions, il commence timidement à lui dire : « Layla, à propos de cette nuit ... » mais elle l’interrompt avec un air embarrassé :
-Tout d’abord, je veux que tu saches que je ne suis pas le genre de fille à coucher le premier soir. Hier était un cas… exceptionnel. » Elle le regarde, ses joues sont rouges et elle lorgne sur l’entrejambe de Derreck. Puis elle sursaute et ajoute : « Cela étant dit… J’ai… Je n’ai jamais... » Elle se cache le visage derrière les mains et s’exclame : « C’était la première fois que je jouissais autant ! » Elle se tourne pour lui présenter son dos, morte de honte. Derreck n’a pas saisi un traître mot de ce qu’elle vient de dire, mais il essaye de comprendre. Il n’y parvient pas, et décide que si leur acte d’hier se qualifie par ‘jouissais’ alors : « Moi aussi, c’était la première fois que je jouissais autant. » Dit-il dans un murmure chaleureux. Layla semble surprise et se retourne. Elle plonge son regard dans celui ce Derreck et devient rouge comme une tomate. Elle s’agite et termine de se laver en décrétant : « Allons ! Ne traînons pas ! Langekan n’est plus très loin. » Derreck comprend qu’elle refuse d’en parler d’avantage. Il refoule son souhait de l’assommer de questions, craignant qu’elle ne fuie comme Symonne. Il opine du chef, termine ses ablutions, sort le premier de l’eau et va s’habiller. Layla l’observe en se mordant la lèvre inférieure. Après quoi le jeune homme commence à ranger leurs affaires et à secouer les couvertures. Lorsque la ménestrelle le rejoint elle a revêtu sa tenue de la veille. Derreck lui tend une ration et ils mangent en silence. Ils s’assurent de n’avoir rien oublier, puis se remettent en route en discutant de tout et de rien, mais pas de la nuit passée.

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