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Notre histoire commence avec un jeune homme dans une forêt dense. Autour de lui les senteurs de mousse et d’humus se mêlent au son des branches caressées par le vent frais d’automne. Les arbres revêtent leur manteau d’or et de feu, et le sol est jonché de feuilles mortes. Il ramasse du petit bois, l’attache en fagots et le charge sur son dos au fur et à mesure qu’il avance. Il doit avoir environ seize ans, et ne semble pas incommodé par la tâche. Il est tout ce qu’il y a de plus commun. La peau claire, les cheveux bruns, un visage légèrement émacié, comme si il ne mangeait pas à sa faim. Il porte des vêtements rugueux et chauds, un pantalon en lin, une chemise en laine et une veste en cuir. Toutes ses affaires sont rapiécées, et élimées. Il sursaute lorsqu’un bruit de branche cassée retentit derrière lui, et se retourne immédiatement sur le qui-vive. Il s’apaise lorsqu’il découvre une jeune femme de son âge qui l’approche avec un sourire. Il soupire de soulagement : « Symonne… » Elle est blonde, ses cheveux taillés mi-longs encadrent sont joli visage de poupée. Elle porte une longue robe chaude, ainsi qu’un châle sur les épaules et des bottes. Elle ricane : « Je t’ai fait peur Derreck ? » Le jeune homme hausse les épaules :
-Tu m’as légèrement surpris. J’ai cru qu’un monstre allait m’attaquer. » Il reprend sa besogne en se baissant. Symonne vient se placer à côté de lui : « Il y a peu de chance qu’on croise un monstre ici. Ces bois sont trop loin des failles et ton père veille au grain. » Elle fait un sourire chaleureux à Derreck qui devient sombre :
-Symonne… arrête... » Elle est surprise par sa réaction :
-Pourquoi ? » Agacé Derreck lui rétorque :
-Tu sais très bien que ce n’est pas mon père. Il met un point d’honneur à me le rappeler, ainsi qu’à tout le village. » C’est au tour de Symonne de répondre sur un ton irrité :
-Frederick n’est peut-être pas le plus démonstratif des pères, mais il t’as recueilli alors que tu n’étais qu’un nourrisson. Il s’est bien occupé de toi sans jamais se plaindre. » Derreck soupire :
-Je ne dis pas qu’il m’a maltraité c’est juste que... » Sa voix s’éteint. Comment avouer qu’il aurait voulu que Frederick ait plus d’affection pour lui. L’homme l’avait toujours traité froidement, il ne l’avait même jamais laissé l’appeler Papa ou même Père. C’était à croire que le vieux trappeur s’était forcé à l’adopter. Il se ressaisit et se concentre sur sa tâche. Il lui faut ramener du bois à la maison, les réserves pour l’hiver ne sont pas encore faites. Symonne semble attendre la suite, mais quand elle voit que Derreck s’est interrompu elle demande : « Tu veux un coup de main ? » Derreck se radoucit et sourit :
-Si tu veux bien. » Ils passent ensuite des longues minutes silencieuses à ramasser des branches sèches. Symonne est une fille douce, elle a toujours été attentionnée avec Derreck. Les autres enfants et jeunes du village l’ont jugé et tenu à l’écart toute sa vie du fait de sa situation familiale particulière. Mais Symonne n’a jamais été comme ça. D’aussi loin qu’il se souvienne, ils ont toujours été amis. Enfants ils se sont même promis qu’une fois majeurs, ils partiraient à l’aventure ensemble. Ils voulaient arpenter les terres de Rolon, leur pays, pour y combattre le mal et protéger ses habitants. Derreck était très sérieux à propos de ce projet, mais il n’en n’avait jamais reparlé avec Symonne. Ils finissent rapidement de rassembler assez de branchages, et lorsque Symonne vient lui donner un fagot, leurs mains se touchent. Les battements de cœur de Derreck s’accélèrent sans qu’il sache pourquoi. Il croise le regard de Symonne et remarque qu’elle rougit. Sa respiration se fait plus lourde et elle se recule comme effrayée. Derreck ne comprend pas sa réaction, il hausse les épaules et la remercie pour son aide avant d’attacher le fagot avec les autres. Il a désormais un lourd tas de bois sec à ramener chez lui, il le jette sur son dos et a un sourire crispé par l’effort lorsqu’il demande à Symonne : « On rentre au village ? » Cette dernière, toujours embarrassée hoche légèrement la tête avant de se placer à ses côtés. Ils marchent en silence pendant un moment, puis Derreck s’arrête, il a remarqué des traces étranges devant eux. Symonne se retourne surprise, le voit poser son tas de bois et demande : « Qu’est-ce que... » Elle s’interrompt quand Derreck lui indique de ne pas faire de bruit. Il ouvre le fourreau de son couteau de chasse et le dégaine avant d’aller vers les traces. Ils essayent d’identifier l’origine de ces empreintes. Il croit voir des pieds humains mais, le chemin emprunté est… tortueux, chaotique, voir anormal. Derreck fronce les sourcils et murmure : « Quelque chose ne va pas... » Il s’accroupit et suis les traces qui s’enfoncent dans la forêt. Symonne crie doucement : « Derreck attends… ! Que se passe-t-il ?!... » Mais il l’ignore et continue sa traque. Finalement la jeune femme le suit en faisant le moins de bruit possible et l’interroge : « Derreck ? » Toujours en murmurant ce dernier lui répond :
-Ces traces sont étranges, quelqu’un est peut-être en danger. » Inquiète Symonne trépigne tout bas :
-Dans ce cas on devrait aller chercher ton père. » Derreck sent comme une pique se planter dans son cœur. Non il n’ira pas se cacher derrière Frederick comme un lâche. Il aura bientôt l’âge de se débrouiller seul, autant commencer tout de suite. Peut être est-ce idiot de se laisser ainsi guider par son orgueil, mais il s’en moque. Sans un mot il pousse plus avant dans les bosquets. Il progresse ainsi pendant un temps qui lui semble durer des heures. Son cœur bat la chamade et il jette des regards inquiets et vigilants tout autour de lui. Les traces le mènent au bord d’une rivière, à l’endroit précis où une chute d’eau de quatre mètres a creusé un petit bassin. Il connaît bien l’endroit, il s’y est rendu à de nombreuses reprises par le passé, pour nettoyer ses mains ou son linge. Il entend de petits gémissements et son sang se met à battre dans ses tempes. Quelqu’un est en danger ! Il s’approche et écarte un bosquet pour évaluer la situation, ce qu’il découvre alors le déconcerte. Un homme et une femme sont nus sous la cascade, leurs corps sont enlacés et ondulent de concert. Derreck ne les a jamais vus auparavant, il est complètement paralysé par ce spectacle et reste sans voix, Symonne en revanche l’attrape par le bras et lui murmure : « On ne devrait pas rester là… » Derreck parvient à articuler :
-Qu’est-ce que… Que font-ils ? » L’homme et la femme se mettent à gémir et grogner avec plus de vigueur et leur ballet s’accélère. Derreck est confus, leurs râles semblent douloureux mais ils ont tout deux une expression d’ivresse. Les protestations de Symonne se font moins insistantes à mesure que le couple devient frénétique, puis elle se fige et son regard se braque sur la scène. Ses joues deviennent cramoisies, et sa respiration s’alourdit jusqu’à devenir rauque. Derreck sursaute lorsque la femme pousse un cri de surprise strident, l’homme vient de la soulever et de lui écarter les jambes. Il est désormais derrière elle et le jeune voyeur découvre leurs deux bassins joints de manière impossible. Le onzième doigt de l’homme est gros tout dressé et glisse dans une fente de chair au milieu de l’entrejambe de sa camarade. Chaque fois que son membre disparaît dans les tréfonds de sa partenaire, tous deux poussent un geignement. Ils répètent ce mouvement encore et encore pendant de longues minutes durant lesquelles le cœur de Derreck s’agite. Ce spectacle lui apparaît surréaliste et il ne parvient pas à détourner le regard. Il les entend gémir : « Ça vient… je vais jouir. » et leurs mouvements deviennent frénétiques tandis que leurs plaintes s’amplifient. Puis l’homme relâche la femme dans le bassin et sa queue se met à cracher un liquide blanchâtre sur le dos de sa compagne. Puis elle se relève et pose ses lèvres contre celles de l’homme. Derreck est convaincu que le liquide qu’elle a reçu n’est pas de l’urine. Il est sur le point de demander son avis à Symonne, mais cette dernière se tourne et s’enfuit. Derreck fait de même et la suit dans les bois. Ils courent jusqu’à en perdre haleine, et quand enfin la jeune femme ralentit, Derreck lui attrape le bras. Entre deux souffles il lui demande : « Qu’est-ce que c’était que ça ? » Le pauvre n’avait jamais reçu d’éducation concernant sa sexualité. Tout ce que Frederick lui avait inculqué était les bonnes manières, les techniques de trappeur et la survie en milieu naturel. Symonne est écarlate de honte et balbutie : « Je… ils... » Elle se libère de l’emprise de Derreck avec un geste violent et s’en va sans un mot. Il lui crie : « Symonne attends ! » Mais elle ne se retourne pas et marche d’un pas décidé vers le village. Derreck s’apprête à la poursuivre, mais voit son tas de fagot posé plus loin. Il court le récupérer et se met à poursuivre Symonne. Lorsqu’il la rattrape ils sont presque au village, il lui demande essoufflé : « Symonne ! Attends… ! Faut qu’on parle… ! » La jeune femme a les larmes aux yeux et s’écrit :
-Laisse-moi tranquille ! » Derreck est cloué sur place par la colère dans la voix de Symonne. Il reste bouche bée et la regarde rejoindre le village. Une fois qu’elle a disparu entre les maisons de pierre et de bois, il se met en chemin vers la cabane de Frederick, sa demeure. Il marche sur un petit sentier de terre pendant de longues minutes. Leur maison est plus enfoncée dans les bois que le reste du village. Lorsqu’il arrive, il n’y a personne. Il pose son chargement dans un abri où des buches ont déjà été stockées au cours des dernières semaines. Il entre, essuie ses pieds, retire ses bottes et allume la cuisinière pour préparer à manger. La bicoque est complètement en bois, Derreck ne l’a jamais interrogé à ce sujet, mais connaissant le personnage depuis presque seize ans, il est sûr que Frederick l’a bâtie de ses mains. Pour les repas il leur apporte parfois du gibier ou des fruits sauvages, mais la plupart du temps ils se fournissent tous les deux au village. Derreck fait souvent la cuisine, il a dû apprendre à le faire très jeune car Frederick est absent la majorité de la journée et parfois pendant plusieurs jours d’affilé. Il sort donc des légumes et des bulbes et commence à les éplucher. Pendant qu’il s’attelle à la tâche, les images de l’homme et de la femme sous la cascade lui reviennent en tête, il ne parvient pas à les oublier. Cette scène lui semble si dérangeante, et en même temps fascinante… Il sursaute quand la porte de la cabane s’ouvre et que Frederick entre sans prévenir. Le gaillard est massif et bourru. Ses cheveux châtains et sa barbe sont longs, ébouriffés et crasseux. Il porte des vêtements en peaux de bête qu’il a lui même confectionnés, il dégage donc une forte odeur d’animal. Il remarque Derreck près du poêle et grommelle : « Tu as ramassé le bois ?
-Je m’en suis occupé, il est avec les bûches. » Frederick ressort de la cabane sans un mot. Derreck soupire en sachant parfaitement que le trappeur va aller inspecter son travail et trouver quelque chose à redire. Quand son père adoptif rentre à nouveau il marmonne : « Tu ne t’es pas foulé dis donc... » Derreck se sent blessé dans sa fierté :
-J’ai fais quatre trajets !
-Ouais bah si on manque durant l’hiver, c’est ton lit qu’on utilisera comme bois de chauffe. » Derreck serre les dents et retourne à sa cuisine. Frederick commence à retirer son manteau et demande : « Qu’est-ce qu’on mange ce soir ?
-De la soupe de navets et pommes de terres. » Le trappeur hoche la tête :
-Ne la mets pas à cuire tout de suite, j’ai attrapé un lapin dans un collet. On va faire un ragoût. » Le coeur de Derreck se réchauffe :
-C’est vrai ?! » Frederick hoche la tête. Derreck lui demande tout excité :
-Est-ce que je peux le dépecer ? » Son père adoptif lui fait non de la tête :
-Mon gibier… »
-… ma besogne. » Conclut Derreck agacé comme récitant un mantra, il ajoute : « Mais tu ne m’emmènes plus chasser avec toi. Dès lors, comment suis-je censé apprendre à dépecer des animaux ?
-Tu ne vas plus à la chasse parce que tu as commis une imprudence et que tu as été sanctionné. » Derreck s’affaisse et marmonne :
-Je… oui j’ai manqué le point vital de la biche, oui elle s’est enfuie et oui je l’ai poursuivie. Mais tu ne peux pas m’en vouloir parce que son sang a attiré un worg !
-Je ne t’en veux pas parce que le hasard a voulu qu’un monstre se trouve dans la forêt à ce moment là. Je ne t’en veux même pas parce que nous nous sommes retrouvés dans le pétrin. Je t’en veux parce que tu ne m’a pas obéi quand je t’ai dit de laisser tomber la traque ! Tu as laissé ta fierté et ton orgueil prendre le dessus et tu as ignoré mes consignes. » Derreck baisse le regard honteux et murmure :
-Je voulais que tu sois fier de moi... » Frederick s’emporte :
-Derreck, tu es un bon trappeur et tu es plus que capable de te débrouiller seul. Cependant tu vis sous mon toit, et tant que ce sera le cas : Ma maison…
-… mes règles... » Il hoche la tête en répétant le mantra avec lassitude. Frederick hoche la tête :
-Ne mets pas les légumes à cuire trop tôt. »
-Qu’est-ce que je fais en attendant ? » Frederick est déjà dehors et lui crie :
-Tu n’as qu’à passer un coup de balais, y a de la terre plein la maison ! » Derreck pousse un soupir agacé. Il s’attaque à la tâche avec colère. C’est constamment ainsi, Frederick le traite plus comme un larbin que comme son enfant. Derreck passe sa frustration sur le balai et la poussière, jusqu’à ce que ce sentiment passe. Il continue à nettoyer le plancher quand l’ennui le frappe et que son esprit s’égare, il entend vaguement les gémissements de la femme nue sous la cascade et sursaute quand Frederick se met à hacher le lapin sur une planche dehors. Derreck reprend le balayage avec plus d’entrain et termine avant la nuit. Il va ensuite allumer les bougies sur la table de la salle à manger. Frederick lui apporte la planche avec la viande sanguinolente dessus : « Tiens, prépare nous ça, je vais me rincer les mains à la rivière. » Derreck sursaute à la mention du cours d’eau et immédiatement il revoit le liquide blanc couvrant le dos de la femme dans la rivière. Il attrape le lapin et se dirige vers la cuisine où il met les légumes et la viande à bouillir dans la marmite. Il ajoute des champignons séchés qu’il prend dans un pot en verre coiffé d’un bouchon en tissu. Il attrape ensuite quelques brins de thym et des feuilles de laurier, avant de saupoudrer le tout de sel. Il referme la marmite et va s’asseoir dans un des fauteuils devant la maison en attendant Frederick. Son esprit est empli du souvenir de ce qu’il a vu plus tôt. Son estomac se noue et il sent une chaleur monter dans son entrejambe, son pantalon le serre et il devient rouge comme une tomate. Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Se demande-t-il. Il n’a pas le temps de vérifier, Frederick réapparaît, les bras et le visage trempés : « On passe à table ? » Derreck saute de sa chaise et va mettre le couvert. Ils mangent sans parler, jusqu’à ce que Derreck demande : « Frederick ? » Entre deux mastications le trappeur répond :
-Moui ?
-J’ai trouvé des traces étranges en allant récupérer du bois. Je les ai suivies pour voir ce que c’était et elles m’ont conduit jusqu’à la rivière. » Frederick le regarde droit dans les yeux, et Derreck ne peut s’empêcher de se détourner : « Quand je suis arrivé à la petite cascade avec le bassin, tu sais le coin où je vais faire notre lessive ?
-Moui je vois.
-Hé bien j’ai vu un homme et une femme.
-Qui étaient-ce ?
-Aucune idée, probablement des aventuriers en pleine quête. Bref ! Ils étaient nus et ils... » Les mots ne lui viennent pas : « ...ils faisaient quelque chose d’étrange... » Frederick se renfrogne :
-Tu n’aurais pas dû les espionner. Ça ne te regardait pas... » Derreck s’emporte :
-Comment étais-je supposé le savoir ? Et puis qu’est-ce qu’ils faisaient d’abord ? L’homme avait son onzième... » Frederick pousse un cri pour l’interrompre :
-Je ne veux pas le savoir ! Tu aurais dû passer ton chemin et si tu devais retomber sur un couple de ce genre, tu les laisseras, c’est compris ? » Derreck est frustré :
-Mais je…
-Compris ?! » L’interrompt Frederick. Derreck baisse les bras :
-Oui, entendu. »
-Bien, finis de manger, fais la vaisselle et va dormir. Je vais entretenir mon équipement. » Puis il sort de table sans débarrasser et quitte la cabane. Derreck est crispé de colère. Tout le monde semble savoir ce qu’il s’est passé entre cet homme et cette femme, mais personne ne veut lui expliquer. Il exécute les tâches que Frederick lui a confiées et va se changer pour dormir. Il monte ensuite l’échelle le menant à une mezzanine servant de stockage. Son lit est là, au milieu de tonneaux et caisses en bois. Il se blottit dans ses couvertures et le sommeil l’assomme sans qu’il s’en rende compte. Les émotions et les travaux de la journée l’ont épuisé, il sombre en un instant. Dans ses rêves il voit la femme de la cascade, mais cette fois-ci seule. Elle est nue et le remarque, avec un sourire chaleureux elle lui fait signe de s’approcher. Il sort du buisson et s’avance tandis qu’elle émerge de l’eau. Derreck sens son ventre remuer et son bas ventre se réchauffer à la vue des formes féminines. Son pantalon le serre au point qu’il commence à avoir mal. Elle se penche et glisse sa main sur la bosse formée au niveau de son onzième doigt, il se réveille en sursaut. Il transpire et respire lourdement, il regarde autour de lui le temps de comprendre ce qu’il vient de se passer. Il se rallonge et sent une légère douleur, mais pas désagréable, au niveau de son entre jambes, il soulève sa bure en lin et manque de pousser un cri de surprise. Son membre est dressé droit comme un bâton et pulse aux battements de son cœur. Il tend la main et le touche du bout de ses doigts. Il laisse échapper un petit cri surpris quand une décharge étrange le secoue, mais se fige alors qu’il entend Frederick remuer dans sa chambre. Il réalise qu’il a probablement gémi plus fort qu’il ne le croyait et décide de se lever. Il descend l’échelle et, sur la pointe des pieds, va chercher des sandales. Il les enfile et quitte la cabane par la porte de derrière. Il s’enfonce dans les bois et une fois qu’il est hors de vue de la maison, il soulève à nouveau sa bure et regarde son onzième doigt tendu sous la lumière de la lune. Le vent frais de l’automne l’indiffère tant il a chaud, il commence à en caresser le bout rouge et pousse un râle de plaisir. C’est si bon… pense-t-il. Il se remémore les mouvements du couple et commence à les imiter avec sa main. Sans s’en rendre compte il se met à gémir et saisit son membre à pleine main. Il effectue des mouvements amples et grogne sous la décharge délicieuse qu’il ressent. Il continue et accélère. Il sent son corps se crisper comme sous une puissante pression et redouble d’efforts. Il a l’impression qu’il va être aspiré par son sexe, et il est secoué de spasmes alors qu’il se met à uriner de petites giclées blanches. Il voit le liquide et fait immédiatement le lien avec celui de l’homme plus tôt dans la journée. Il est alors vidé et se sent bien. Son membre redevient mou et il respire lourdement. Les questions se bousculent dans sa tête, il ne parvient pas à comprendre. Mais il est sûr d’une chose, c’est qu’il a aimé ça. Il prend le temps de se calmer et retourne à la cabane pour se coucher. Demain, si Frederick ne l’aide pas, il demandera à Symonne des explications.
Il est réveillé par les appels du trappeur : « Derreck ?!
-Mmmhhhouais... » Gémit ce dernier encore à moitié endormi.
-Je t’ai laissé dix pièces de cuivre sur la table. Tu iras acheter à manger pour toi ce midi et nous deux ce soir. Ensuite tu te rendras dans les bois au sud et tu nous ramasseras des baies, des champignons, des bulbes, peu importe ce que tu trouves. Tu ne rentres qu’avec un plein panier, compris ?! »
-Compris... » marmonne Derreck. Il entend la porte claquer et réalise qu’il n’a même pas eu le temps de discuter avec lui. Il soupire et se lève. Après avoir effectué ses ablutions, il grignote un bout de pain sec en prenant les pièces de cuivre et en allant au village. Il espère y croiser Symonne, mais où que son regard se pose, il ne voit pas la jeune femme. Il finit par se rendre à l’épicerie du village et entre. Il est salué par le propriétaire, un homme d’une cinquantaine d’année. Il est bien coiffé et rasé, et porte de petites lunettes sur le nez : « Ah Derreck, tu viens pour tes achats quotidiens ?
-Bonjour monsieur Bergman. Oui je vais vous prendre des oignons, des pommes de terre, une miche pain et trois bâtons de viande séchée s’il vous plaît. » Le commerçant lui prépare son paquet en demandant :
-Comment vas-tu occuper ta journée ?
-Frederick m’envoie à la cueillette dans la forêt sud. Encore… » Monsieur Bergman pouffe de rire :
-Entendu, fais attention à toi hein ? » Il lui sourit chaleureusement et lui met ses articles dans son panier. Il effectue la transaction et Derreck lui donne toutes les pièces de cuivre en sa possession. Il remonte ensuite chez lui sans croiser Symonne. Il salue les villageois qu’il connaît et leur donne des nouvelles, il en reçoit aussi. Lorsqu’il rentre chez lui, il range ses courses sauf la viande séchée qu’il prend avec lui. Il ressort, attrape un panier dorsal et se met en route. Il passe la journée penché à ramasser des champignons et des fruits. Il a même la chance de tomber sur des panais sauvages qu’il déterre et nettoie. Il fait une pause pour manger rapidement sa viande séchée, en milieu d’après-midi il a presque terminé quand Symonne vient le rejoindre. Elle lui sourit timidement et lui explique qu’elle a demandé à monsieur Bergman où le trouver. Il lui sourit, mais très vite son expression change pour devenir triste : « Symonne a propos d’hier, je… »
-N’en parlons plus. » L’interrompt-elle gênée. Derreck sent qu’elle va encore le laisser dans l’ignorance et sa frustration monte d’un cran. Il voudrait lui poser toutes les questions qui lui passent par la tête. Mais la principale qui lui vient en tête est : « Est-ce que au moins tu peux me dire si c’était normal ? Ce qu’ils ont fait ? » Symonne évite son regard, elle est repliée sur elle même :
-Je sais que… ça peut arriver à un homme et une femme de pratiquer ce genre d’acte. » Derreck a l’impression de sentir un poids se retirer de ses épaules. Il lève les yeux au ciel et murmure dans un soupir soulagé : « Merci Symonne… » Il la voit se retourner vers lui et lui sourit. Il hoche la tête avec gratitude : « J’ai essayé de questionner Frederick à ce sujet, il m’a juste dit que j’aurais dû passer mon chemin sans m’expliquer pourquoi. » La jeune femme lui répond d’un ton froid :
-Il a bien raison. » Derreck ne peut pas s’empêcher de demander :
-Pourquoi ? »
-Par ce que c’est mal ! » S’emporte Symonne. Derreck la regarde avec confusion :
-Mais, tu viens de me dire que ce qu’ils faisaient arrivait parfois, que c’était normal… Je... » Il se jette alors sur elle et l’agrippe aux bras : « Explique-moi ! Tu sais de quoi il s’agit ! » Elle lui jette un regard effrayé :
-Non, lâche-moi Derreck. » Mais il ne l’entend plus. Dans son esprit il s’imagine les villageois et les autres jeunes du village en train de se frotter les uns aux autres nus. Il les voit se faire du bien sans lui, le laissant de côté comme toujours. Il imagine Symonne avec eux, sa gorge le brûle alors qu’une bile de colère et de dégoût le submerge. Il se met à parler avec un ton enragé :
-C’est pour me tenir à l’écart c’est ça ?! » Il resserre son emprise sur Symonne qui panique :
-Quoi ?!… Arrête Derreck tu me fais mal ! »
-Vous le savez tous, vous en profitez et vous me laissez sur le côté. Mais j’ai essayé hier soir, et j’ai réussi à le faire ! » Symonne est confuse et terrifiée, elle se débat pur lui échapper, mais sans y parvenir :
-Derreck lâche-moi !
-Vous ne me tiendrez pas à l’écart, moi aussi je veux le faire ! Tu vas m’aider, comme la femme d’hier l’a fait ! » Il la jette soudain au sol et la plaque dans les feuilles mortes. Elle se débat en criant et le roue de frêles coups de poings. Il tente de la maîtriser, mais elle finit par atteindre son nez et à le faire saigner. Il voit alors rouge et dégaine son couteau de chasse en criant : « Ça suffit ! » Symonne se fige en voyant la large lame s’agiter sous son nez. Elle commence à pleurer et à gémir. Derreck lui murmure : « Maintenant, déshabille toi, on va faire comme ce couple d’hier. » Elle fait non de la tête et il perd patience. Il découpe sa robe alors qu’elle le supplie d’arrêter. Il découvre sa peau douce et ses formes tout juste développées. Il la renifle légèrement et murmure : « Tu sens si bon... » Symonne évite son contact avec dégoût. Il cherche à poser ses lèvres sur les siennes, mais elle tourne sa tête d’un côté puis de l’autre pour lui échapper. Agacé il grogne : « Arrête ! Ça va aller tu vas voir. Je l’ai fais hier et je ne me suis jamais senti aussi bien de toute ma vie. » Mais la jeune femme cherche encore à lui échapper. Il termine de la dévêtir et découvre sa fente. Il reste figé de stupeur et murmure : « Qu’est-ce que c’est que ça… ? » Morte de honte Symonne serre ses jambes en gémissant entre deux pleurs :
-Ne regarde pas... » Il attrape ses cuisses et les écarte avec colère, lorsqu’il voit sa commissure à nouveau, il commence à la toucher. Symonne crie de surprise, mais ses plaintes sont différentes de celles de la femme de la veille. Derreck fronce les sourcils : « Tu n’aimes pas ça ? » Elle larmoie :
-Nooon, espèce d’idiot... »
-Mais… quand je le fais moi... » Abasourdi il extrait son onzième doigt dressé hors de son pantalon, arrachant un cri de surprise de la part de Symonne. Il commence à le caresser et une fois lancé il le branle avec délice. Il marmonne : « Ah c’est si bon... » La jeune femme semble terrifiée et dégoûtée. Derreck accélère ses mouvements jusqu’à atteindre l’extase. Il projette le liquide blanc sur le ventre de Symonne dans un râle de plaisir. Il reprend son souffle et revoit l’homme se joindre à sa compagne la veille, par leur entrejambe. Il a une illumination : « Mais oui… pour que tu te sentes bien, je dois... » Il approche son membre dressé de la fente de la jeune fille qui se met à hurler et à se débattre comme possédée : « Non ! Arrête pas ça ! ». Il recule, sous le choc et déclare :
-Mais je n’ai encore rien fait... » Elle en profite pour se dresser et courir en direction du village, les lambeaux de ses vêtements masquant à peine sa nudité. Derreck tente de l’attraper, mais le pantalon sur les chevilles, il trébuche. Il se dépêche de se rhabiller et part à la poursuite de Symonne. La course est frénétique et la jeune femme appelle à l’aide. Complètement délirant, Derreck s’imagine qu’elle cherche un autre partenaire que lui et il devient fou de rage. Il finit par la rattraper à l’entrée du village alors qu’elle ralentit. Il se jette sur elle et la plaque dans la boue avant de lui placer son couteau sous la gorge. Il s’apprête à se déshabiller à nouveau quand une puissante voix masculine le fait sursauter :
-Écarte-toi d’elle ! » Il se retourne et voit Frederick approcher. Il pointe un arc bandé droit sur lui. Derreck sent une terreur glaciale lui enserrer le cœur, il balbutie :
-Frederick qu’est-ce que… ?!
-Maintenant ! » Lui crie le trappeur sur un ton furibond. Derreck saute en arrière et range son couteau dans son fourreau. Frederick s’avance vers lui et lui ordonne d’un ton sec :
-Recule ! Recule je te dis ! » Derreck lève les mains en l’air et s’exécute jusqu’à ce que le trappeur se place entre lui et Symonne. Les villageois, attirés par l’agitation commencent à s’assembler et le regardent avec un mélange de confusion, de peur et de dégoût. Sans lâcher Derreck du regard, Frederick aide Symonne à se relever, il lui tend sa cape pour qu’elle puisse se couvrir et lui demande : « Est-ce que ça va ? » La pauvre est encore sous le choc et ne parvient pas à articuler un mot. Derreck tente alors de se justifier : « Frederick attends je… je voulais juste me sentir bien, comme vous tous au village… je n’allais pas lui faire de mal. » Des exclamations horrifiées émanent de la foule assemblée derrière l’archer. Tous le regardent comme un monstre. Les yeux du trappeur deviennent comme fous furieux, Derreck se tait de peur d’être abattu d’une flèche en pleine tête. D’une voix froide où sourde une rage animale Frederick grogne :
-Espèce de malade… Disparais de ma vue... » Le cœur de Derreck se brise dans sa poitrine. Il balbutie :
-Mais je… je n’ai rien fait…
-Silence ! Tu vas quitter la région et ne jamais revenir, sinon, je jure devant les dieux que je te tue de mes propres mains ! » Derreck voit la détermination dans les yeux de son père adoptif, son monde s’écroule autour de lui. Il cherche un soutien du regard, mais même les gens avec qui il s’entendait bien le fuient du regard ou le jugent d’un air réprobateur. Malgré toutes ses tentatives, personne ne lui donne la moindre chance de s’expliquer. Il se met à gémir d’un ton suppliant : « Attendez, je... » Mais est interrompu par un homme qui lui crie :
-Dégage espèce de détraqué ! » Une femme gronde :
-Disparais ! Avant qu’on ne te pende par les couilles ! » Il se tourne vers la route quittant le village et hésite. Il tente une dernière fois d’en appeler à la compassion de Frederick, mais l’homme qui l’a élevé pendant seize années le regarde comme une bête sauvage. Le trappeur décoche sa flèche qui vient se planter juste au pied de Derreck. Terrifié ce dernier s’enfuit en courant sans jeter un regard en arrière. Il court sur la route sans but précis, juste une peur viscérale le poussant à s’éloigner de son village.
Après des heures d’errance Derreck finit par tomber d’épuisement au bord d’une route. Il ne sait même pas où il est. Il regarde autour de lui et ne reconnaît pas le paysage. Il n’a jamais vraiment voyagé et ne saurait même pas dire si il s’est vraiment éloigné du village. Il réalise soudain qu’il est perdu, et ne sait pas où aller. Qu’il est seul, et ne connaît personne vers qui se tourner. Qu’il n’est pas équipé correctement, et qu’il n’a rien pour l’aider. Qu’il est affamé, et qu’il ne peut pas se cuisiner à manger. Toute la tension l’habitant une seconde auparavant le quitte et il se met à pleurer. Pourquoi ? Pense-t-il en larmoyant : Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Il ne comprend pas, et les visages horrifiés ou furieux des seules personnes qu’il connaît viennent le hanter. Il les entend lui crier sur des tons accusateurs : Va-t-en !, Détraqué ! et surtout Disparais ! Cette dernière réplique résonne en lui comme un glas. Il réalise qu’il a encore son couteau de chasse sur lui et le dégaine. D’une main tremblante il en admire la lame. Disparais... Il revoit le regard de Frederick, comme si il était une bête, un animal. Disparais… Il ressent les regards d’horreur des villageois, les mêmes que quand Frederick ramenait un corps de gobelin ou d’orc ayant rodé dans la région. Disparais… Il est un monstre… Peut être est-ce pour cela que les autres enfants l’ont toujours laissé de côté ? Disparais… Il n’a jamais vraiment fait partie de ce village et on l’a tenu à l’écart. Disparais… De sa main frémissante il tourne la lame de son couteau vers sa gorge. Disparais… Il s’aide de sa dextre pour assurer sa prise. Disparais… Avant de murmurer en chouinant : « Mon gibier… ma besogne... » Il se jette au sol de tout son poids, et le froid de la lame lui transperce la gorge. La douleur est insoutenable, il s’agite et chaque mouvement le torture un peu plus. Il sent la chaleur de son sang se répandre sur ses mains et sous son torse. Rapidement il s’étouffe, il se noie dans son hémoglobine et ne parvient plus à respirer. Oui… Pense-t-il : Pour un monstre comme moi, c’est le mieux à faire… Ses paupières deviennent lourdes et il se sent assommé de fatigue. Il se calme et la douleur s’estompe. Il s’allonge et se laisse glisser dans le néant avec joie. Il revoit le visage triste de Symonne et se morfond : Je n’ai pas pu m’expliquer et lui présenter des excuses… Le monde devient noir et il pousse un dernier soupir noyé dans un gargouillis sanguinolent.
Derreck ? Un murmure. Une voix abominable… comme faite de glace. Elle l’appelle avec lubricité : Deeeerreeeeck… Il ne veut pas ouvrir les yeux. Puis la voix devient assourdissante : DERRECK ! Il se réveille au milieu d’une terre étrangère. Le ciel est pourpre et chargé de nuages rouges, l’air empeste la charogne et le décor est… tordu. Hormis la terre et la roche, tout est vivant… animé. L’herbe, les plantes, les arbres, ont des yeux et des bouches. « Derreck ! » Il sursaute et se tourne vers la source de l’appel. Il découvre alors un jeune homme. Il est nu, magnifiquement proportionné, couvert de muscles secs et pourvu d’un onzième doigt impressionnant. Son visage à la peau claire est digne d’un tableau d’artiste, il porte des cheveux bruns mi-longs qui flottent au vent. Derreck le détaille d’avantage et réalise : « C’est… moi ? » Une version plus séduisante et masculine de lui, mais définitivement il s’agit de ses traits. L’homme lui sourit : « Te voilà réveillé. Bien ! Ne perdons pas de temps, le Royaume des Morts requiert ton âme et te maintenir ici m’épuise. Tâchons de faire vite. » Malgré ses manières très excentriques, sa voix est si grave et profonde qu’elle semble émaner des tréfonds de la terre. Il pose ses mains sur ses hanches et déclare : « Tu dois avoir mille questions et tu ne m’écouteras pas avant de les avoir posées. Alors allons-y, je t’écoute. » Derreck fronce les sourcils et l’étranger ricane : « Crois-moi, j’ai déjà vécu ça. N’aies pas peur, interroge moi. » Derreck hausse les épaules et lui demande alors :
-Qui êtes vous ? » L’étranger semble ravi :
-Excellente question ! Habituellement on me demande : Où suis-je ? Ou encore : Qu’est-ce qu’il se passe ? » Derreck hoche la tête :
-Oui ça aussi ! »
-Je suis Yagdramor’Ernalghalertai, mais les gens m’appellent Yag. Je suis le Dieu de la Dépravation. » Il secoue la tête : « En ce qui concerne l’endroit où nous nous trouvons. » Il tourne sur lui même pour désigner le paysage : « Il s’agit du Royaume de la Chair, mon humble demeure ! Et geôle accessoirement. Enfin ce qu’il se passe, et bien Derreck... » Il s’approche et frotte affectueusement les bras du jeune homme : « Tu es mort mon grand. » Ce dernier devrait en être surpris, mais en vérité il se souvient vaguement s’être planté son couteau dans la gorge. Il est finalement plus effrayé qu’autre chose. Il demande : « Qu’est-ce que je fais ici ? » Yag se met à l’applaudir et ricane de sa voix rauque : « Voilà la véritable question. La seule qui vaille la peine d’être posée. Je t’ai choisi pour t’offrir un cadeau.
-Pourquoi moi ?
-Une autre excellente question, mais qui n’a aucune importance. » Il lève les mains au ciel : « Disons que tu me plais, tu es un petit dépravé et je suis…
-...le Dieu de la Dépravation…
-Tout à fait ! En voilà un qui est malin. » Jubile Yag. Derreck sent une sueur froide lui couler dans le dos :
-Que voulez-vous m’offrir ? » Yag lui renvoie un sourire dément et s’approche de lui :
-Une deuxième chance, ainsi qu’un but... » Derreck fronce les sourcils :
-Comment ça.
-Je peux renvoyer ton âme dans ton corps, sur le plan physique, et te ramener à la vie... » Il grimace : «… avec un petit quelque chose en plus.
-À savoir ? » Yag agite ses mains :
-Trois fois rien. Quelques dons et pouvoirs ésotériques. Tu verras ce sera marrant. » Il commence à transpirer et Derreck lui demande :
-Qu’est-ce que vous y gagnez ? » Yag semble mal à l’aise, comme en train de cuire. Il murmure :
-Décidément je perds la main moi... » Puis en s’exclamant : « J’y gagne un exécutant sur le plan physique ! Il faudra que tu t’acquittes de ta dette envers moi. » Yag se met à tousser et à s’essuyer le front : « Alors ? » Il commence à être très nerveux et tremble : « Marché conclu ? » Il tend la main à Derreck qui hésite. Yag soupire agacé : « Écoute mon grand, soit tu y retournes avec ma bénédiction, soit tu tentes ta chance au Royaume des Morts. Et laisse moi te dire qu’on s’ennuie à mourir là-bas ! » Il pouffe de rire : « À mourir. Excellente celle-là. » Il semble un peu fou, mais Derreck n’a plus rien à perdre. De toute façon il est probablement en train de délirer. Il empoigne la main de Yag et déclare : « C’est d’accord. »L’étranger se pare d’un sombre sourire prédateur :
-Fantastique… Entamons un nouveau cycle alors... » Le monde autour de Derreck redevient noir et s’estompe. Il perd connaissance et Yag s’exclame : « Oh j’ai failli oublier, il faudra que tu te rendes à mon temple à Langekan !… C’est important alors n’oublie pas, d’accord ?! »
-Comment je... » Mais déjà il sombre et le néant l’engloutit.
-Tu m’as légèrement surpris. J’ai cru qu’un monstre allait m’attaquer. » Il reprend sa besogne en se baissant. Symonne vient se placer à côté de lui : « Il y a peu de chance qu’on croise un monstre ici. Ces bois sont trop loin des failles et ton père veille au grain. » Elle fait un sourire chaleureux à Derreck qui devient sombre :
-Symonne… arrête... » Elle est surprise par sa réaction :
-Pourquoi ? » Agacé Derreck lui rétorque :
-Tu sais très bien que ce n’est pas mon père. Il met un point d’honneur à me le rappeler, ainsi qu’à tout le village. » C’est au tour de Symonne de répondre sur un ton irrité :
-Frederick n’est peut-être pas le plus démonstratif des pères, mais il t’as recueilli alors que tu n’étais qu’un nourrisson. Il s’est bien occupé de toi sans jamais se plaindre. » Derreck soupire :
-Je ne dis pas qu’il m’a maltraité c’est juste que... » Sa voix s’éteint. Comment avouer qu’il aurait voulu que Frederick ait plus d’affection pour lui. L’homme l’avait toujours traité froidement, il ne l’avait même jamais laissé l’appeler Papa ou même Père. C’était à croire que le vieux trappeur s’était forcé à l’adopter. Il se ressaisit et se concentre sur sa tâche. Il lui faut ramener du bois à la maison, les réserves pour l’hiver ne sont pas encore faites. Symonne semble attendre la suite, mais quand elle voit que Derreck s’est interrompu elle demande : « Tu veux un coup de main ? » Derreck se radoucit et sourit :
-Si tu veux bien. » Ils passent ensuite des longues minutes silencieuses à ramasser des branches sèches. Symonne est une fille douce, elle a toujours été attentionnée avec Derreck. Les autres enfants et jeunes du village l’ont jugé et tenu à l’écart toute sa vie du fait de sa situation familiale particulière. Mais Symonne n’a jamais été comme ça. D’aussi loin qu’il se souvienne, ils ont toujours été amis. Enfants ils se sont même promis qu’une fois majeurs, ils partiraient à l’aventure ensemble. Ils voulaient arpenter les terres de Rolon, leur pays, pour y combattre le mal et protéger ses habitants. Derreck était très sérieux à propos de ce projet, mais il n’en n’avait jamais reparlé avec Symonne. Ils finissent rapidement de rassembler assez de branchages, et lorsque Symonne vient lui donner un fagot, leurs mains se touchent. Les battements de cœur de Derreck s’accélèrent sans qu’il sache pourquoi. Il croise le regard de Symonne et remarque qu’elle rougit. Sa respiration se fait plus lourde et elle se recule comme effrayée. Derreck ne comprend pas sa réaction, il hausse les épaules et la remercie pour son aide avant d’attacher le fagot avec les autres. Il a désormais un lourd tas de bois sec à ramener chez lui, il le jette sur son dos et a un sourire crispé par l’effort lorsqu’il demande à Symonne : « On rentre au village ? » Cette dernière, toujours embarrassée hoche légèrement la tête avant de se placer à ses côtés. Ils marchent en silence pendant un moment, puis Derreck s’arrête, il a remarqué des traces étranges devant eux. Symonne se retourne surprise, le voit poser son tas de bois et demande : « Qu’est-ce que... » Elle s’interrompt quand Derreck lui indique de ne pas faire de bruit. Il ouvre le fourreau de son couteau de chasse et le dégaine avant d’aller vers les traces. Ils essayent d’identifier l’origine de ces empreintes. Il croit voir des pieds humains mais, le chemin emprunté est… tortueux, chaotique, voir anormal. Derreck fronce les sourcils et murmure : « Quelque chose ne va pas... » Il s’accroupit et suis les traces qui s’enfoncent dans la forêt. Symonne crie doucement : « Derreck attends… ! Que se passe-t-il ?!... » Mais il l’ignore et continue sa traque. Finalement la jeune femme le suit en faisant le moins de bruit possible et l’interroge : « Derreck ? » Toujours en murmurant ce dernier lui répond :
-Ces traces sont étranges, quelqu’un est peut-être en danger. » Inquiète Symonne trépigne tout bas :
-Dans ce cas on devrait aller chercher ton père. » Derreck sent comme une pique se planter dans son cœur. Non il n’ira pas se cacher derrière Frederick comme un lâche. Il aura bientôt l’âge de se débrouiller seul, autant commencer tout de suite. Peut être est-ce idiot de se laisser ainsi guider par son orgueil, mais il s’en moque. Sans un mot il pousse plus avant dans les bosquets. Il progresse ainsi pendant un temps qui lui semble durer des heures. Son cœur bat la chamade et il jette des regards inquiets et vigilants tout autour de lui. Les traces le mènent au bord d’une rivière, à l’endroit précis où une chute d’eau de quatre mètres a creusé un petit bassin. Il connaît bien l’endroit, il s’y est rendu à de nombreuses reprises par le passé, pour nettoyer ses mains ou son linge. Il entend de petits gémissements et son sang se met à battre dans ses tempes. Quelqu’un est en danger ! Il s’approche et écarte un bosquet pour évaluer la situation, ce qu’il découvre alors le déconcerte. Un homme et une femme sont nus sous la cascade, leurs corps sont enlacés et ondulent de concert. Derreck ne les a jamais vus auparavant, il est complètement paralysé par ce spectacle et reste sans voix, Symonne en revanche l’attrape par le bras et lui murmure : « On ne devrait pas rester là… » Derreck parvient à articuler :
-Qu’est-ce que… Que font-ils ? » L’homme et la femme se mettent à gémir et grogner avec plus de vigueur et leur ballet s’accélère. Derreck est confus, leurs râles semblent douloureux mais ils ont tout deux une expression d’ivresse. Les protestations de Symonne se font moins insistantes à mesure que le couple devient frénétique, puis elle se fige et son regard se braque sur la scène. Ses joues deviennent cramoisies, et sa respiration s’alourdit jusqu’à devenir rauque. Derreck sursaute lorsque la femme pousse un cri de surprise strident, l’homme vient de la soulever et de lui écarter les jambes. Il est désormais derrière elle et le jeune voyeur découvre leurs deux bassins joints de manière impossible. Le onzième doigt de l’homme est gros tout dressé et glisse dans une fente de chair au milieu de l’entrejambe de sa camarade. Chaque fois que son membre disparaît dans les tréfonds de sa partenaire, tous deux poussent un geignement. Ils répètent ce mouvement encore et encore pendant de longues minutes durant lesquelles le cœur de Derreck s’agite. Ce spectacle lui apparaît surréaliste et il ne parvient pas à détourner le regard. Il les entend gémir : « Ça vient… je vais jouir. » et leurs mouvements deviennent frénétiques tandis que leurs plaintes s’amplifient. Puis l’homme relâche la femme dans le bassin et sa queue se met à cracher un liquide blanchâtre sur le dos de sa compagne. Puis elle se relève et pose ses lèvres contre celles de l’homme. Derreck est convaincu que le liquide qu’elle a reçu n’est pas de l’urine. Il est sur le point de demander son avis à Symonne, mais cette dernière se tourne et s’enfuit. Derreck fait de même et la suit dans les bois. Ils courent jusqu’à en perdre haleine, et quand enfin la jeune femme ralentit, Derreck lui attrape le bras. Entre deux souffles il lui demande : « Qu’est-ce que c’était que ça ? » Le pauvre n’avait jamais reçu d’éducation concernant sa sexualité. Tout ce que Frederick lui avait inculqué était les bonnes manières, les techniques de trappeur et la survie en milieu naturel. Symonne est écarlate de honte et balbutie : « Je… ils... » Elle se libère de l’emprise de Derreck avec un geste violent et s’en va sans un mot. Il lui crie : « Symonne attends ! » Mais elle ne se retourne pas et marche d’un pas décidé vers le village. Derreck s’apprête à la poursuivre, mais voit son tas de fagot posé plus loin. Il court le récupérer et se met à poursuivre Symonne. Lorsqu’il la rattrape ils sont presque au village, il lui demande essoufflé : « Symonne ! Attends… ! Faut qu’on parle… ! » La jeune femme a les larmes aux yeux et s’écrit :
-Laisse-moi tranquille ! » Derreck est cloué sur place par la colère dans la voix de Symonne. Il reste bouche bée et la regarde rejoindre le village. Une fois qu’elle a disparu entre les maisons de pierre et de bois, il se met en chemin vers la cabane de Frederick, sa demeure. Il marche sur un petit sentier de terre pendant de longues minutes. Leur maison est plus enfoncée dans les bois que le reste du village. Lorsqu’il arrive, il n’y a personne. Il pose son chargement dans un abri où des buches ont déjà été stockées au cours des dernières semaines. Il entre, essuie ses pieds, retire ses bottes et allume la cuisinière pour préparer à manger. La bicoque est complètement en bois, Derreck ne l’a jamais interrogé à ce sujet, mais connaissant le personnage depuis presque seize ans, il est sûr que Frederick l’a bâtie de ses mains. Pour les repas il leur apporte parfois du gibier ou des fruits sauvages, mais la plupart du temps ils se fournissent tous les deux au village. Derreck fait souvent la cuisine, il a dû apprendre à le faire très jeune car Frederick est absent la majorité de la journée et parfois pendant plusieurs jours d’affilé. Il sort donc des légumes et des bulbes et commence à les éplucher. Pendant qu’il s’attelle à la tâche, les images de l’homme et de la femme sous la cascade lui reviennent en tête, il ne parvient pas à les oublier. Cette scène lui semble si dérangeante, et en même temps fascinante… Il sursaute quand la porte de la cabane s’ouvre et que Frederick entre sans prévenir. Le gaillard est massif et bourru. Ses cheveux châtains et sa barbe sont longs, ébouriffés et crasseux. Il porte des vêtements en peaux de bête qu’il a lui même confectionnés, il dégage donc une forte odeur d’animal. Il remarque Derreck près du poêle et grommelle : « Tu as ramassé le bois ?
-Je m’en suis occupé, il est avec les bûches. » Frederick ressort de la cabane sans un mot. Derreck soupire en sachant parfaitement que le trappeur va aller inspecter son travail et trouver quelque chose à redire. Quand son père adoptif rentre à nouveau il marmonne : « Tu ne t’es pas foulé dis donc... » Derreck se sent blessé dans sa fierté :
-J’ai fais quatre trajets !
-Ouais bah si on manque durant l’hiver, c’est ton lit qu’on utilisera comme bois de chauffe. » Derreck serre les dents et retourne à sa cuisine. Frederick commence à retirer son manteau et demande : « Qu’est-ce qu’on mange ce soir ?
-De la soupe de navets et pommes de terres. » Le trappeur hoche la tête :
-Ne la mets pas à cuire tout de suite, j’ai attrapé un lapin dans un collet. On va faire un ragoût. » Le coeur de Derreck se réchauffe :
-C’est vrai ?! » Frederick hoche la tête. Derreck lui demande tout excité :
-Est-ce que je peux le dépecer ? » Son père adoptif lui fait non de la tête :
-Mon gibier… »
-… ma besogne. » Conclut Derreck agacé comme récitant un mantra, il ajoute : « Mais tu ne m’emmènes plus chasser avec toi. Dès lors, comment suis-je censé apprendre à dépecer des animaux ?
-Tu ne vas plus à la chasse parce que tu as commis une imprudence et que tu as été sanctionné. » Derreck s’affaisse et marmonne :
-Je… oui j’ai manqué le point vital de la biche, oui elle s’est enfuie et oui je l’ai poursuivie. Mais tu ne peux pas m’en vouloir parce que son sang a attiré un worg !
-Je ne t’en veux pas parce que le hasard a voulu qu’un monstre se trouve dans la forêt à ce moment là. Je ne t’en veux même pas parce que nous nous sommes retrouvés dans le pétrin. Je t’en veux parce que tu ne m’a pas obéi quand je t’ai dit de laisser tomber la traque ! Tu as laissé ta fierté et ton orgueil prendre le dessus et tu as ignoré mes consignes. » Derreck baisse le regard honteux et murmure :
-Je voulais que tu sois fier de moi... » Frederick s’emporte :
-Derreck, tu es un bon trappeur et tu es plus que capable de te débrouiller seul. Cependant tu vis sous mon toit, et tant que ce sera le cas : Ma maison…
-… mes règles... » Il hoche la tête en répétant le mantra avec lassitude. Frederick hoche la tête :
-Ne mets pas les légumes à cuire trop tôt. »
-Qu’est-ce que je fais en attendant ? » Frederick est déjà dehors et lui crie :
-Tu n’as qu’à passer un coup de balais, y a de la terre plein la maison ! » Derreck pousse un soupir agacé. Il s’attaque à la tâche avec colère. C’est constamment ainsi, Frederick le traite plus comme un larbin que comme son enfant. Derreck passe sa frustration sur le balai et la poussière, jusqu’à ce que ce sentiment passe. Il continue à nettoyer le plancher quand l’ennui le frappe et que son esprit s’égare, il entend vaguement les gémissements de la femme nue sous la cascade et sursaute quand Frederick se met à hacher le lapin sur une planche dehors. Derreck reprend le balayage avec plus d’entrain et termine avant la nuit. Il va ensuite allumer les bougies sur la table de la salle à manger. Frederick lui apporte la planche avec la viande sanguinolente dessus : « Tiens, prépare nous ça, je vais me rincer les mains à la rivière. » Derreck sursaute à la mention du cours d’eau et immédiatement il revoit le liquide blanc couvrant le dos de la femme dans la rivière. Il attrape le lapin et se dirige vers la cuisine où il met les légumes et la viande à bouillir dans la marmite. Il ajoute des champignons séchés qu’il prend dans un pot en verre coiffé d’un bouchon en tissu. Il attrape ensuite quelques brins de thym et des feuilles de laurier, avant de saupoudrer le tout de sel. Il referme la marmite et va s’asseoir dans un des fauteuils devant la maison en attendant Frederick. Son esprit est empli du souvenir de ce qu’il a vu plus tôt. Son estomac se noue et il sent une chaleur monter dans son entrejambe, son pantalon le serre et il devient rouge comme une tomate. Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Se demande-t-il. Il n’a pas le temps de vérifier, Frederick réapparaît, les bras et le visage trempés : « On passe à table ? » Derreck saute de sa chaise et va mettre le couvert. Ils mangent sans parler, jusqu’à ce que Derreck demande : « Frederick ? » Entre deux mastications le trappeur répond :
-Moui ?
-J’ai trouvé des traces étranges en allant récupérer du bois. Je les ai suivies pour voir ce que c’était et elles m’ont conduit jusqu’à la rivière. » Frederick le regarde droit dans les yeux, et Derreck ne peut s’empêcher de se détourner : « Quand je suis arrivé à la petite cascade avec le bassin, tu sais le coin où je vais faire notre lessive ?
-Moui je vois.
-Hé bien j’ai vu un homme et une femme.
-Qui étaient-ce ?
-Aucune idée, probablement des aventuriers en pleine quête. Bref ! Ils étaient nus et ils... » Les mots ne lui viennent pas : « ...ils faisaient quelque chose d’étrange... » Frederick se renfrogne :
-Tu n’aurais pas dû les espionner. Ça ne te regardait pas... » Derreck s’emporte :
-Comment étais-je supposé le savoir ? Et puis qu’est-ce qu’ils faisaient d’abord ? L’homme avait son onzième... » Frederick pousse un cri pour l’interrompre :
-Je ne veux pas le savoir ! Tu aurais dû passer ton chemin et si tu devais retomber sur un couple de ce genre, tu les laisseras, c’est compris ? » Derreck est frustré :
-Mais je…
-Compris ?! » L’interrompt Frederick. Derreck baisse les bras :
-Oui, entendu. »
-Bien, finis de manger, fais la vaisselle et va dormir. Je vais entretenir mon équipement. » Puis il sort de table sans débarrasser et quitte la cabane. Derreck est crispé de colère. Tout le monde semble savoir ce qu’il s’est passé entre cet homme et cette femme, mais personne ne veut lui expliquer. Il exécute les tâches que Frederick lui a confiées et va se changer pour dormir. Il monte ensuite l’échelle le menant à une mezzanine servant de stockage. Son lit est là, au milieu de tonneaux et caisses en bois. Il se blottit dans ses couvertures et le sommeil l’assomme sans qu’il s’en rende compte. Les émotions et les travaux de la journée l’ont épuisé, il sombre en un instant. Dans ses rêves il voit la femme de la cascade, mais cette fois-ci seule. Elle est nue et le remarque, avec un sourire chaleureux elle lui fait signe de s’approcher. Il sort du buisson et s’avance tandis qu’elle émerge de l’eau. Derreck sens son ventre remuer et son bas ventre se réchauffer à la vue des formes féminines. Son pantalon le serre au point qu’il commence à avoir mal. Elle se penche et glisse sa main sur la bosse formée au niveau de son onzième doigt, il se réveille en sursaut. Il transpire et respire lourdement, il regarde autour de lui le temps de comprendre ce qu’il vient de se passer. Il se rallonge et sent une légère douleur, mais pas désagréable, au niveau de son entre jambes, il soulève sa bure en lin et manque de pousser un cri de surprise. Son membre est dressé droit comme un bâton et pulse aux battements de son cœur. Il tend la main et le touche du bout de ses doigts. Il laisse échapper un petit cri surpris quand une décharge étrange le secoue, mais se fige alors qu’il entend Frederick remuer dans sa chambre. Il réalise qu’il a probablement gémi plus fort qu’il ne le croyait et décide de se lever. Il descend l’échelle et, sur la pointe des pieds, va chercher des sandales. Il les enfile et quitte la cabane par la porte de derrière. Il s’enfonce dans les bois et une fois qu’il est hors de vue de la maison, il soulève à nouveau sa bure et regarde son onzième doigt tendu sous la lumière de la lune. Le vent frais de l’automne l’indiffère tant il a chaud, il commence à en caresser le bout rouge et pousse un râle de plaisir. C’est si bon… pense-t-il. Il se remémore les mouvements du couple et commence à les imiter avec sa main. Sans s’en rendre compte il se met à gémir et saisit son membre à pleine main. Il effectue des mouvements amples et grogne sous la décharge délicieuse qu’il ressent. Il continue et accélère. Il sent son corps se crisper comme sous une puissante pression et redouble d’efforts. Il a l’impression qu’il va être aspiré par son sexe, et il est secoué de spasmes alors qu’il se met à uriner de petites giclées blanches. Il voit le liquide et fait immédiatement le lien avec celui de l’homme plus tôt dans la journée. Il est alors vidé et se sent bien. Son membre redevient mou et il respire lourdement. Les questions se bousculent dans sa tête, il ne parvient pas à comprendre. Mais il est sûr d’une chose, c’est qu’il a aimé ça. Il prend le temps de se calmer et retourne à la cabane pour se coucher. Demain, si Frederick ne l’aide pas, il demandera à Symonne des explications.
Il est réveillé par les appels du trappeur : « Derreck ?!
-Mmmhhhouais... » Gémit ce dernier encore à moitié endormi.
-Je t’ai laissé dix pièces de cuivre sur la table. Tu iras acheter à manger pour toi ce midi et nous deux ce soir. Ensuite tu te rendras dans les bois au sud et tu nous ramasseras des baies, des champignons, des bulbes, peu importe ce que tu trouves. Tu ne rentres qu’avec un plein panier, compris ?! »
-Compris... » marmonne Derreck. Il entend la porte claquer et réalise qu’il n’a même pas eu le temps de discuter avec lui. Il soupire et se lève. Après avoir effectué ses ablutions, il grignote un bout de pain sec en prenant les pièces de cuivre et en allant au village. Il espère y croiser Symonne, mais où que son regard se pose, il ne voit pas la jeune femme. Il finit par se rendre à l’épicerie du village et entre. Il est salué par le propriétaire, un homme d’une cinquantaine d’année. Il est bien coiffé et rasé, et porte de petites lunettes sur le nez : « Ah Derreck, tu viens pour tes achats quotidiens ?
-Bonjour monsieur Bergman. Oui je vais vous prendre des oignons, des pommes de terre, une miche pain et trois bâtons de viande séchée s’il vous plaît. » Le commerçant lui prépare son paquet en demandant :
-Comment vas-tu occuper ta journée ?
-Frederick m’envoie à la cueillette dans la forêt sud. Encore… » Monsieur Bergman pouffe de rire :
-Entendu, fais attention à toi hein ? » Il lui sourit chaleureusement et lui met ses articles dans son panier. Il effectue la transaction et Derreck lui donne toutes les pièces de cuivre en sa possession. Il remonte ensuite chez lui sans croiser Symonne. Il salue les villageois qu’il connaît et leur donne des nouvelles, il en reçoit aussi. Lorsqu’il rentre chez lui, il range ses courses sauf la viande séchée qu’il prend avec lui. Il ressort, attrape un panier dorsal et se met en route. Il passe la journée penché à ramasser des champignons et des fruits. Il a même la chance de tomber sur des panais sauvages qu’il déterre et nettoie. Il fait une pause pour manger rapidement sa viande séchée, en milieu d’après-midi il a presque terminé quand Symonne vient le rejoindre. Elle lui sourit timidement et lui explique qu’elle a demandé à monsieur Bergman où le trouver. Il lui sourit, mais très vite son expression change pour devenir triste : « Symonne a propos d’hier, je… »
-N’en parlons plus. » L’interrompt-elle gênée. Derreck sent qu’elle va encore le laisser dans l’ignorance et sa frustration monte d’un cran. Il voudrait lui poser toutes les questions qui lui passent par la tête. Mais la principale qui lui vient en tête est : « Est-ce que au moins tu peux me dire si c’était normal ? Ce qu’ils ont fait ? » Symonne évite son regard, elle est repliée sur elle même :
-Je sais que… ça peut arriver à un homme et une femme de pratiquer ce genre d’acte. » Derreck a l’impression de sentir un poids se retirer de ses épaules. Il lève les yeux au ciel et murmure dans un soupir soulagé : « Merci Symonne… » Il la voit se retourner vers lui et lui sourit. Il hoche la tête avec gratitude : « J’ai essayé de questionner Frederick à ce sujet, il m’a juste dit que j’aurais dû passer mon chemin sans m’expliquer pourquoi. » La jeune femme lui répond d’un ton froid :
-Il a bien raison. » Derreck ne peut pas s’empêcher de demander :
-Pourquoi ? »
-Par ce que c’est mal ! » S’emporte Symonne. Derreck la regarde avec confusion :
-Mais, tu viens de me dire que ce qu’ils faisaient arrivait parfois, que c’était normal… Je... » Il se jette alors sur elle et l’agrippe aux bras : « Explique-moi ! Tu sais de quoi il s’agit ! » Elle lui jette un regard effrayé :
-Non, lâche-moi Derreck. » Mais il ne l’entend plus. Dans son esprit il s’imagine les villageois et les autres jeunes du village en train de se frotter les uns aux autres nus. Il les voit se faire du bien sans lui, le laissant de côté comme toujours. Il imagine Symonne avec eux, sa gorge le brûle alors qu’une bile de colère et de dégoût le submerge. Il se met à parler avec un ton enragé :
-C’est pour me tenir à l’écart c’est ça ?! » Il resserre son emprise sur Symonne qui panique :
-Quoi ?!… Arrête Derreck tu me fais mal ! »
-Vous le savez tous, vous en profitez et vous me laissez sur le côté. Mais j’ai essayé hier soir, et j’ai réussi à le faire ! » Symonne est confuse et terrifiée, elle se débat pur lui échapper, mais sans y parvenir :
-Derreck lâche-moi !
-Vous ne me tiendrez pas à l’écart, moi aussi je veux le faire ! Tu vas m’aider, comme la femme d’hier l’a fait ! » Il la jette soudain au sol et la plaque dans les feuilles mortes. Elle se débat en criant et le roue de frêles coups de poings. Il tente de la maîtriser, mais elle finit par atteindre son nez et à le faire saigner. Il voit alors rouge et dégaine son couteau de chasse en criant : « Ça suffit ! » Symonne se fige en voyant la large lame s’agiter sous son nez. Elle commence à pleurer et à gémir. Derreck lui murmure : « Maintenant, déshabille toi, on va faire comme ce couple d’hier. » Elle fait non de la tête et il perd patience. Il découpe sa robe alors qu’elle le supplie d’arrêter. Il découvre sa peau douce et ses formes tout juste développées. Il la renifle légèrement et murmure : « Tu sens si bon... » Symonne évite son contact avec dégoût. Il cherche à poser ses lèvres sur les siennes, mais elle tourne sa tête d’un côté puis de l’autre pour lui échapper. Agacé il grogne : « Arrête ! Ça va aller tu vas voir. Je l’ai fais hier et je ne me suis jamais senti aussi bien de toute ma vie. » Mais la jeune femme cherche encore à lui échapper. Il termine de la dévêtir et découvre sa fente. Il reste figé de stupeur et murmure : « Qu’est-ce que c’est que ça… ? » Morte de honte Symonne serre ses jambes en gémissant entre deux pleurs :
-Ne regarde pas... » Il attrape ses cuisses et les écarte avec colère, lorsqu’il voit sa commissure à nouveau, il commence à la toucher. Symonne crie de surprise, mais ses plaintes sont différentes de celles de la femme de la veille. Derreck fronce les sourcils : « Tu n’aimes pas ça ? » Elle larmoie :
-Nooon, espèce d’idiot... »
-Mais… quand je le fais moi... » Abasourdi il extrait son onzième doigt dressé hors de son pantalon, arrachant un cri de surprise de la part de Symonne. Il commence à le caresser et une fois lancé il le branle avec délice. Il marmonne : « Ah c’est si bon... » La jeune femme semble terrifiée et dégoûtée. Derreck accélère ses mouvements jusqu’à atteindre l’extase. Il projette le liquide blanc sur le ventre de Symonne dans un râle de plaisir. Il reprend son souffle et revoit l’homme se joindre à sa compagne la veille, par leur entrejambe. Il a une illumination : « Mais oui… pour que tu te sentes bien, je dois... » Il approche son membre dressé de la fente de la jeune fille qui se met à hurler et à se débattre comme possédée : « Non ! Arrête pas ça ! ». Il recule, sous le choc et déclare :
-Mais je n’ai encore rien fait... » Elle en profite pour se dresser et courir en direction du village, les lambeaux de ses vêtements masquant à peine sa nudité. Derreck tente de l’attraper, mais le pantalon sur les chevilles, il trébuche. Il se dépêche de se rhabiller et part à la poursuite de Symonne. La course est frénétique et la jeune femme appelle à l’aide. Complètement délirant, Derreck s’imagine qu’elle cherche un autre partenaire que lui et il devient fou de rage. Il finit par la rattraper à l’entrée du village alors qu’elle ralentit. Il se jette sur elle et la plaque dans la boue avant de lui placer son couteau sous la gorge. Il s’apprête à se déshabiller à nouveau quand une puissante voix masculine le fait sursauter :
-Écarte-toi d’elle ! » Il se retourne et voit Frederick approcher. Il pointe un arc bandé droit sur lui. Derreck sent une terreur glaciale lui enserrer le cœur, il balbutie :
-Frederick qu’est-ce que… ?!
-Maintenant ! » Lui crie le trappeur sur un ton furibond. Derreck saute en arrière et range son couteau dans son fourreau. Frederick s’avance vers lui et lui ordonne d’un ton sec :
-Recule ! Recule je te dis ! » Derreck lève les mains en l’air et s’exécute jusqu’à ce que le trappeur se place entre lui et Symonne. Les villageois, attirés par l’agitation commencent à s’assembler et le regardent avec un mélange de confusion, de peur et de dégoût. Sans lâcher Derreck du regard, Frederick aide Symonne à se relever, il lui tend sa cape pour qu’elle puisse se couvrir et lui demande : « Est-ce que ça va ? » La pauvre est encore sous le choc et ne parvient pas à articuler un mot. Derreck tente alors de se justifier : « Frederick attends je… je voulais juste me sentir bien, comme vous tous au village… je n’allais pas lui faire de mal. » Des exclamations horrifiées émanent de la foule assemblée derrière l’archer. Tous le regardent comme un monstre. Les yeux du trappeur deviennent comme fous furieux, Derreck se tait de peur d’être abattu d’une flèche en pleine tête. D’une voix froide où sourde une rage animale Frederick grogne :
-Espèce de malade… Disparais de ma vue... » Le cœur de Derreck se brise dans sa poitrine. Il balbutie :
-Mais je… je n’ai rien fait…
-Silence ! Tu vas quitter la région et ne jamais revenir, sinon, je jure devant les dieux que je te tue de mes propres mains ! » Derreck voit la détermination dans les yeux de son père adoptif, son monde s’écroule autour de lui. Il cherche un soutien du regard, mais même les gens avec qui il s’entendait bien le fuient du regard ou le jugent d’un air réprobateur. Malgré toutes ses tentatives, personne ne lui donne la moindre chance de s’expliquer. Il se met à gémir d’un ton suppliant : « Attendez, je... » Mais est interrompu par un homme qui lui crie :
-Dégage espèce de détraqué ! » Une femme gronde :
-Disparais ! Avant qu’on ne te pende par les couilles ! » Il se tourne vers la route quittant le village et hésite. Il tente une dernière fois d’en appeler à la compassion de Frederick, mais l’homme qui l’a élevé pendant seize années le regarde comme une bête sauvage. Le trappeur décoche sa flèche qui vient se planter juste au pied de Derreck. Terrifié ce dernier s’enfuit en courant sans jeter un regard en arrière. Il court sur la route sans but précis, juste une peur viscérale le poussant à s’éloigner de son village.
Après des heures d’errance Derreck finit par tomber d’épuisement au bord d’une route. Il ne sait même pas où il est. Il regarde autour de lui et ne reconnaît pas le paysage. Il n’a jamais vraiment voyagé et ne saurait même pas dire si il s’est vraiment éloigné du village. Il réalise soudain qu’il est perdu, et ne sait pas où aller. Qu’il est seul, et ne connaît personne vers qui se tourner. Qu’il n’est pas équipé correctement, et qu’il n’a rien pour l’aider. Qu’il est affamé, et qu’il ne peut pas se cuisiner à manger. Toute la tension l’habitant une seconde auparavant le quitte et il se met à pleurer. Pourquoi ? Pense-t-il en larmoyant : Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Il ne comprend pas, et les visages horrifiés ou furieux des seules personnes qu’il connaît viennent le hanter. Il les entend lui crier sur des tons accusateurs : Va-t-en !, Détraqué ! et surtout Disparais ! Cette dernière réplique résonne en lui comme un glas. Il réalise qu’il a encore son couteau de chasse sur lui et le dégaine. D’une main tremblante il en admire la lame. Disparais... Il revoit le regard de Frederick, comme si il était une bête, un animal. Disparais… Il ressent les regards d’horreur des villageois, les mêmes que quand Frederick ramenait un corps de gobelin ou d’orc ayant rodé dans la région. Disparais… Il est un monstre… Peut être est-ce pour cela que les autres enfants l’ont toujours laissé de côté ? Disparais… Il n’a jamais vraiment fait partie de ce village et on l’a tenu à l’écart. Disparais… De sa main frémissante il tourne la lame de son couteau vers sa gorge. Disparais… Il s’aide de sa dextre pour assurer sa prise. Disparais… Avant de murmurer en chouinant : « Mon gibier… ma besogne... » Il se jette au sol de tout son poids, et le froid de la lame lui transperce la gorge. La douleur est insoutenable, il s’agite et chaque mouvement le torture un peu plus. Il sent la chaleur de son sang se répandre sur ses mains et sous son torse. Rapidement il s’étouffe, il se noie dans son hémoglobine et ne parvient plus à respirer. Oui… Pense-t-il : Pour un monstre comme moi, c’est le mieux à faire… Ses paupières deviennent lourdes et il se sent assommé de fatigue. Il se calme et la douleur s’estompe. Il s’allonge et se laisse glisser dans le néant avec joie. Il revoit le visage triste de Symonne et se morfond : Je n’ai pas pu m’expliquer et lui présenter des excuses… Le monde devient noir et il pousse un dernier soupir noyé dans un gargouillis sanguinolent.
Derreck ? Un murmure. Une voix abominable… comme faite de glace. Elle l’appelle avec lubricité : Deeeerreeeeck… Il ne veut pas ouvrir les yeux. Puis la voix devient assourdissante : DERRECK ! Il se réveille au milieu d’une terre étrangère. Le ciel est pourpre et chargé de nuages rouges, l’air empeste la charogne et le décor est… tordu. Hormis la terre et la roche, tout est vivant… animé. L’herbe, les plantes, les arbres, ont des yeux et des bouches. « Derreck ! » Il sursaute et se tourne vers la source de l’appel. Il découvre alors un jeune homme. Il est nu, magnifiquement proportionné, couvert de muscles secs et pourvu d’un onzième doigt impressionnant. Son visage à la peau claire est digne d’un tableau d’artiste, il porte des cheveux bruns mi-longs qui flottent au vent. Derreck le détaille d’avantage et réalise : « C’est… moi ? » Une version plus séduisante et masculine de lui, mais définitivement il s’agit de ses traits. L’homme lui sourit : « Te voilà réveillé. Bien ! Ne perdons pas de temps, le Royaume des Morts requiert ton âme et te maintenir ici m’épuise. Tâchons de faire vite. » Malgré ses manières très excentriques, sa voix est si grave et profonde qu’elle semble émaner des tréfonds de la terre. Il pose ses mains sur ses hanches et déclare : « Tu dois avoir mille questions et tu ne m’écouteras pas avant de les avoir posées. Alors allons-y, je t’écoute. » Derreck fronce les sourcils et l’étranger ricane : « Crois-moi, j’ai déjà vécu ça. N’aies pas peur, interroge moi. » Derreck hausse les épaules et lui demande alors :
-Qui êtes vous ? » L’étranger semble ravi :
-Excellente question ! Habituellement on me demande : Où suis-je ? Ou encore : Qu’est-ce qu’il se passe ? » Derreck hoche la tête :
-Oui ça aussi ! »
-Je suis Yagdramor’Ernalghalertai, mais les gens m’appellent Yag. Je suis le Dieu de la Dépravation. » Il secoue la tête : « En ce qui concerne l’endroit où nous nous trouvons. » Il tourne sur lui même pour désigner le paysage : « Il s’agit du Royaume de la Chair, mon humble demeure ! Et geôle accessoirement. Enfin ce qu’il se passe, et bien Derreck... » Il s’approche et frotte affectueusement les bras du jeune homme : « Tu es mort mon grand. » Ce dernier devrait en être surpris, mais en vérité il se souvient vaguement s’être planté son couteau dans la gorge. Il est finalement plus effrayé qu’autre chose. Il demande : « Qu’est-ce que je fais ici ? » Yag se met à l’applaudir et ricane de sa voix rauque : « Voilà la véritable question. La seule qui vaille la peine d’être posée. Je t’ai choisi pour t’offrir un cadeau.
-Pourquoi moi ?
-Une autre excellente question, mais qui n’a aucune importance. » Il lève les mains au ciel : « Disons que tu me plais, tu es un petit dépravé et je suis…
-...le Dieu de la Dépravation…
-Tout à fait ! En voilà un qui est malin. » Jubile Yag. Derreck sent une sueur froide lui couler dans le dos :
-Que voulez-vous m’offrir ? » Yag lui renvoie un sourire dément et s’approche de lui :
-Une deuxième chance, ainsi qu’un but... » Derreck fronce les sourcils :
-Comment ça.
-Je peux renvoyer ton âme dans ton corps, sur le plan physique, et te ramener à la vie... » Il grimace : «… avec un petit quelque chose en plus.
-À savoir ? » Yag agite ses mains :
-Trois fois rien. Quelques dons et pouvoirs ésotériques. Tu verras ce sera marrant. » Il commence à transpirer et Derreck lui demande :
-Qu’est-ce que vous y gagnez ? » Yag semble mal à l’aise, comme en train de cuire. Il murmure :
-Décidément je perds la main moi... » Puis en s’exclamant : « J’y gagne un exécutant sur le plan physique ! Il faudra que tu t’acquittes de ta dette envers moi. » Yag se met à tousser et à s’essuyer le front : « Alors ? » Il commence à être très nerveux et tremble : « Marché conclu ? » Il tend la main à Derreck qui hésite. Yag soupire agacé : « Écoute mon grand, soit tu y retournes avec ma bénédiction, soit tu tentes ta chance au Royaume des Morts. Et laisse moi te dire qu’on s’ennuie à mourir là-bas ! » Il pouffe de rire : « À mourir. Excellente celle-là. » Il semble un peu fou, mais Derreck n’a plus rien à perdre. De toute façon il est probablement en train de délirer. Il empoigne la main de Yag et déclare : « C’est d’accord. »L’étranger se pare d’un sombre sourire prédateur :
-Fantastique… Entamons un nouveau cycle alors... » Le monde autour de Derreck redevient noir et s’estompe. Il perd connaissance et Yag s’exclame : « Oh j’ai failli oublier, il faudra que tu te rendes à mon temple à Langekan !… C’est important alors n’oublie pas, d’accord ?! »
-Comment je... » Mais déjà il sombre et le néant l’engloutit.
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