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Derreck est vraiment ravi que Layla se soit jointe à lui pour le voyage vers le mausolée de Lucas Rosach. Il est cependant moins enchanté par la présence de Catlyn, car la roublarde ne cesse de l’épier ou de s’interposer entre lui et la ménestrelle. Elle est toujours en train de le questionner, souvent sur les raisons de son voyage et leur destination, mais parfois aussi sur sa relation avec Layla. L’intéressée doit intervenir systématiquement et remettre Catlyn à sa place, ce qui fonctionne un temps. Car la brunette aux airs de garçon manqué ne recule en général que pour mieux revenir à la charge, si bien qu’à la mi-journée Derreck est déjà à fleur de peau. Elle est insistante, intrusive et exaspérante. Ils déjeunent à l’orée d’un bois, dans une ambiance tendue, Catlyn n’arrêtant pas de faire des reproches à Derreck, ce qui entraîne la contrariété de Layla qui s’en prend à son amie, qui à son tour redirige son animosité sur le ranger. Ce dernier fait tout pour rester calme et ne pas s’emporter avec la roublarde, mais cette dernière semble chercher son courroux et n’entend pas le laisser tranquille. Lorsqu’ils reprennent la marche après avoir mangé et que Catlyn vient lui demander : « Où as-tu dis que nous allions déjà ? » Derreck serre les dents et crache :
-Hiveren, nous continuons à l’ouest pendant encore trois jours, puis nous bifurquons au nord. Nous marcherons le même temps et nous serons arrivés.
-Et après, qu’est-ce qu’on y fait ? » Derreck soupire avec exaspération :
-Je te l’ai déjà dit, mon bienfaiteur m’a confié une tâche à accomplir là-bas. C’est tout ce que je peux vous dire pour l’instant. » Elle fait une moue dubitative :
-Ça me semble louche ton histoire... » Le jeune homme craque :
-Et bien rentre à Langekan dans ce cas ! » Elle pouffe de rire :
-Pour que tu t’en prennes à ma Lilou… Plutôt crever. » Derreck serre les poings. Il décide de riposter, il s’apprête à fulminer, lorsqu’il croise le regard de Layla, qui lui offre un sourire triste. Il parvient à s’apaiser et décide d’ignorer Catlyn. Mais il sait très bien qu’elle va s’en prendre à lui physiquement pour le faire réagir. Il réfléchit à un moyen de se débarrasser d’elle, discrètement et sans violence. La seule option qui lui vient à l’esprit est le Souffle de Yag. Mais il craint de l’utiliser, pour plusieurs raisons. La première est qu’il ne veut pas impliquer Layla dans ses histoires de culte, et utiliser ses dons sur sa meilleure amie ne va pas l’aider à respecter cette résolution. La deuxième est qu’il n’a pas envie de coucher avec Catlyn, elle l’agace et l’animosité qu’il ressent à son encontre inhibe tout désir de la part de Derreck. De plus, il ne veut pas faire de peine à Layla en baisant avec sa meilleure amie. Enfin la troisième raison est que la roublarde et son amie ménestrelle sont des aventurières. Si elles viennent à découvrir sa véritable nature, elles tenteront de le tuer, et si elles n’y parviennent pas, elles le dénonceront aux adorateurs des plans supérieurs. Il lui faudra alors, soit fuir et vivre comme un paria toute sa vie, soit les convertir toutes les deux au culte de Yag, ce qu’il se refuse à faire. Ses perspectives ne sont pas réjouissantes, et alors qu’il est sur le point de se résigner à supporter le voyage avec elle, Catlyn le frappe du poing dans l’épaule. Il pousse un cri de douleur et s’exclame : « Mais ça va pas ?! » La roublarde lui répond furibonde :
-Arrête de m’ignorer ! » Derreck atteint sa limite et abandonne toute retenue, il fait fit de sa précédente décision de ne pas utiliser le Souffle sur elle. Tant pis pour les conséquences, il l’amènera à un état d’excitation sexuelle insoutenable, et ne lui fera pas le plaisir de l’en libérer. Il maintient donc un mince filet de miasme entre lui et Catlyn, en prenant soin de ne pas atteindre Layla avec. Le manège de la roublarde continue encore pendant de longues minutes. Jusqu’à ce qu’elle rougisse et s’essouffle. Elle ouvre alors de grands yeux et attrape Derreck par le col. Elle affiche une expression furieuse et gronde : « Qu’est-ce que tu m’as fait ? » Le jeune homme lève les mains en signe d’apaisement et s’exclame faussement étonné :
-Mais rien ! Qu’est-ce qu’il te prend ?! » Déjà la roublarde dégaine une lame et Layla intervient pour les séparer. Elle s’emporte contre son amie :
-Espèce de folle furieuse ! Laisse-le un peu tranquille ! Ou je vais te demander de rentrer à Langekan.
-Lilou ! Je t’assure qu’il m’a… » La ménestrelle pousse un grognement de colère :
-Arrête ! Prends un peu de recul et regarde-toi ! Tu n’as fais que l’emmerdé toute la journée, et pas une fois il n’a répondu à tes provocations ! Alors maintenant tu arrêtes, ou tu fais demi-tour... » Catlyn fronce les sourcils et serre les dents avant de reprendre la marche et de les laisser. Une fois qu’il sont seuls Derreck souffle de soulagement et murmure :
-Je suis désolé… » Elle s’approche de lui, se pince l’arrête nasale avant de soupirer :
-Tu n’y es pour rien… Oublions-la et continuons, d’accord ? » Il acquiesce, et après ça ils passent l’après-midi côte à côte, discutant de tout et de rien. Régulièrement Derreck s’éloigne de la route pour récupérer des plantes et des fleurs. Il est content de retrouver l’environnement naturel des forêts et de la campagne. Là où ses compétences lui sont réellement utile. Lorsque le soleil se couche, ils trouvent un coin tranquille pour se reposer au bord d’un lac. Ils conviennent de tour de garde pour la nuit et Layla se propose pour la première ronde. Derreck prépare le repas, une soupe de viande séchée, de plantes aromatiques, avec des croûtons de pain. Un plat agréable pour un voyage en pleine nature, après quoi il va se coucher et s’endort par intermittence. Il est réveillé par Layla qui vient l’embrasser, elle semble d’humeur coquine, mais baille aux corneilles et avoue : « J’aurais aimé qu’on se prenne un peu de temps pour nous… mais je suis crevée... » Derreck caresse ses cheveux bouclés auburn avant de murmurer :
-Va te reposer… Nous trouverons bien une occasion. » Layla louche sur Catlyn, endormie quelques mètres plus loin, et fronce les sourcils, dubitative :
-Avec Barona qui surveille le moindre de nos faits et gestes... » Elle pouffe de rire et Derreck ne peut s’empêcher de sourire, mais il lui rétorque :
-Peut-être, mais si nous devions avoir des problèmes, je suis bien content qu’elle soit là. » Layla acquiesce, et lui offre un sourire affectueux :
-Tu es quelqu’un de bien Derreck… Si elle t’ennuie encore, n’hésite pas à la secouer un peu, d’accord ? » Le jeune homme opine du chef. Elle va ensuite s’allonger et le laisse seul. Il regarde la position de la lune, extirpe un livre de son sac et commence à lire pour s’entraîner, uniquement éclairé par la lumière de l’astre nocturne. Il parvient à rester éveillé ainsi pendant plusieurs heures, durant sa lecture il est interrompu par un bruit étrange. Sans prendre de risque, il dégaine son arc court et encoche une flèche, mais après quelques minutes de calme, il se pose à nouveau, range son arme et inspecte la lune. Il a largement tenu sa garde, mais avant d’aller réveiller Catlyn, il s’éloigne pour uriner derrière un arbre. Il prend soin de mettre de la distance entre lui et le camp pour ne pas attirer de monstres, et recouvre son odeur avec des feuilles mortes et de la terre. Il retourne auprès de la roublarde, hésite à la toucher pour la sortir de son sommeil et finalement se décide à l’appeler, elle sursaute et marmonne : « Quoi ?
-C’est à ton tour. » Elle acquiesce, se redresse, et lui lance un regard assassin tandis qu’il va s’allonger dans sa couverture. Il met quelques minutes à s’endormir et somnole par à-coups. À un moment, il se réveille se retourne et découvre que Catlyn a disparu. D’abord inquiet, il se rassure en se disant qu’elle a du aller se soulager un peu plus loin. Il prend sur lui de surveiller le camp, mais après quelques minutes, quand il ne la voit pas revenir, il décide de se lever. Il attrape son arc, encoche une flèche et en garde deux autres dans sa main. Il fait le tour du camp et repère des traces s’en éloignant. Il les suit le plus discrètement possible et se fige lorsqu’il entend des gémissements. Il passe derrière un arbre et découvre Catlyn, sa veste ouverte sur sa poitrine nue, son pantalon baissé dévoilant sa chatte. Elle se masturbe doucement et ne semble pas l’avoir remarqué. Il l’observe quelques secondes, et son désir s’éveille. La roublarde est nettement plus séduisante que ce qu’il soupçonnait, son corps est athlétique et couvert de petites cicatrices, mais ses formes, habituellement dissimulées par sa tenue, sont débordante de féminité. Elle accélère ses mouvements et pousse de petits cris similaires à des miaulements, elle est sur le point de jouir. Derreck décide de la torturer un peu, il prend son air le plus innocent possible et bondit hors de sa cachette en murmurant : « Catlyn ?! C’est toi ? Est-ce que tout va bien ? » La roublarde sursaute en tentant de se rhabiller et en chuchotant s’exclame :
-Derreck ?! Qu’est-ce que tu fous ici ?! » Elle remonte maladroitement son pantalon et reboutonne sa veste.Il lui répond inquiet :
-Je me suis fais du soucis, tu n’étais plus au camp et tu ne revenais pas, je suis parti à ta recherche…
-Je vais bien ! Casse-toi maintenant ! » Derreck prend un air soulagé :
-Désolé… je retourne au camp. » Il s’en va et entend la roublarde pester, il en profite pour relâcher un petit nuage de Souffle, après tout, elle a bien mérité de souffrir un peu. Une fois de retour, il abandonne son arme et retourne s’allonger, le soleil ne va pas tarder à pointer le bout de son nez, et il espère pouvoir se reposer un peu. Il entend Catlyn revenir et devine que sa démarche est agacée, il fait mine de dormir et l’entend s’agiter. Il finit par s’assoupir, il sombre pendant ce qui lui semble être quelques secondes, mais est réveillé par un violent coup de pied dans le ventre. Il pousse un cri de douleur et entend Catlyn crier : « Debout ! » Il lui lance un regard assassin, et elle semble amusée. Elle va auprès de Layla et lui caresse le visage avec affection. Derreck l’observe et la voit rougir, il s’agrippe les côtes et pousse un gémissement tandis qu’il se lève. Il range sa couverture et ses affaires, puis grignote une pâtisserie sèche. Durant tout le petit-déjeuner, Catlyn est collée à Layla et lui demande si elle a bien dormis, ou comment elle se sent. Derreck sent un pincement dans sa poitrine et s’agace, il termine son repas puis se lève et déclare qu’il faut reprendre la route. La ménestrelle hoche la tête, lui emboîte le pas et vient lui donner la main, mais Catlyn le fusille du regard et lui montre les crocs. Le jeune homme ne comprend pas la réaction de la roublarde et s’en moque. La deuxième journée se déroule comme la première, à ceci près qu’à chaque fois que Catlyn vient l’ennuyer, Derreck libère un mince filet de Souffle et la force à fuir. Systématiquement la roublarde sent que quelque chose d’étrange se produit, mais elle reste incapable de voir le miasme et ne parvient pas à comprendre ce qu’il lui arrive. Ils progressent à bonne allure, Derreck continue de récolter des plantes et fruits à mesure qu’ils avancent. En fin de matinée, la température baisse et le ciel se couvre, sentant l’orage approcher les compagnons décident de manger sur le pouce tout en marchant. En milieu d’après-midi il sont douchés par une pluie fine, et d’un commun accord ils décident d’accélérer le pas pour rejoindre un abri. Ils courent à petite foulées tout l’après-midi, si bien qu’à la tombée de la nuit, il atteignent la frontière entre les terres de Rolon et les Aidrales : le fleuve Irodon. Large court d’eau dont la source se situe dans les monts Rotharys au nord. La route laisse place à un pont dont chaque côté est doté d’un poste de garde et d’une auberge. Derreck tente de se souvenir des quelques leçons de politique et de géographie qu’il a reçu de la part de Dokkrus. Les deux régions voisines font partie du royaume d’Agratus, mais sont administrées par deux seigneurs différents, tous deux liges du Roi Ragenald. Ils ne sont pas en guerre, mais pas véritablement amicaux non plus. Le trio se rue dans l’auberge et profite de l’abri du porche pour secouer un maximum d’eau de leur cape. Layla entre la première, à l’intérieur il y a peu de place et bien qu’il n’y ait que six clients, l’endroit semble bondé. La plupart sont en train de manger, l’un d’entre eux cependant est devant le feu de cheminée et se réchauffe. La ménestrelle va se placer elle aussi devant l’âtre et pousse un soupir de soulagement. Catlyn la rejoint, non sans assassiner du regard quiconque aurait l’audace de la regarder. Derreck quand à lui salut sobrement les voyageurs et accroche sa cape à l’entrée avant de s’approcher lui aussi la chaleur du foyer. Une matrone les hèle depuis un comptoir : « Si vous voulez rester, il faut consommer ! » Ses manières s’adoucissent lorsqu’elle détaille Derreck, elle toussote et demande : « Qu’est-ce qu’il vous faut ? » Le jeune homme va à sa rencontre et demande : « Pourrait-on passer la nuit ici ? » La tenancière fait une moue hésitante et explique :
-Je n’ai plus qu’une chambre de disponible, avec un lit double... » Derreck hausse les épaules :
-Les filles le prendront, moi je dormirai par terre, si vous n’y voyez aucun inconvénient. » Elle soupire :
-Ce n’est pas autorisé. Pas de mixité dans les chambres. » Layla intervient en présentant son luth :
-Et si je divertis vos clients, vous consentirez à faire une exception ? » La matrone fait une moue dubitative :
-Si vous y parvenez, d’accord. Mais vous devez prendre un repas avec. » Layla hoche la tête :
-Marché conclu, trois plat du jour dans ce cas.
-Je vous prépare ça. » Elle s’éclipse en cuisine, et Layla va s’asseoir sur une chaise près de la cheminée. Elle entame la partition d’une ballade connue : Agratus le pourfendeur de démons. L’histoire du premier souverain de l’humanité et de son vaillant combat contre les forces du mal. L’air est entraînant et Derreck se prête à marmonner les paroles :
...
Sur ces terres, que tous nous aimions,
Librement se mouvaient les démons,
Ravagés, pillés et massacrés,
Mais sur son majestueux destrier,
De son épée les pourfendit,
Et de sa magie les bannit,
Argatus, Roi des hommes,
…
Puis les souvenirs de son village et des proches lui reviennent et son enthousiasme s’éteint. Il continue d’applaudir mais ne trouve plus le courage de chanter. Son humeur s’améliore cependant lorsqu’un voyageur, vraisemblablement un guerrier des Monts Rothary, crie à travers l’auberge pour demander une gigue de sa région. Layla rit et explique qu’elle ne possède pas le coffre pour rendre justice aux chants guerriers des hommes du Nord. Ce dernier se met à entonner lui même les paroles d’un air conquérant vantant le courage et la bravoure d’un héros des temps anciens. Layla s’empresse de le rejoindre et joue de son instrument pour les accompagner. Les client se mettent à battre la mesure en tapant du pied au sol, du poing sur les tables ou simplement dans leurs mains. Derreck en arrive même à rire légèrement, il aperçoit la matrone qui sort le nez de sa cuisine et sourit. Le chant se termine et un marin de la péninsule d’Argantael demande alors à Layla si elle connaît la mélodie des Baleiniers, la ménestrelle s’exclame par l’affirmative et parcours son luth de ses doigts. Le matelot se met alors à réciter le refrain et elle le suit. La soirée s’anime, les clients réclament à boire, la tenancière semble ravie. Elle vient trouver Derreck et lui explique : « J’ai mis vos repas à mitonner, je ne voudrais pas interrompre votre amie, d’autant qu’elle est en train de chauffer la salle et que les commandes d’alcool vont bon train. » Derreck opine du chef et passe l’heure suivante à écouter Layla. Il s’étonne de ne pas voir Catlyn et la cherche du regard, quand il la trouve, elle est dissimulée dans un coin et regarde son amie avec fascination. Non… réalise Derreck : pas de la fascination, de l’affection, voir… de l’amour ? Il pense d’abord se tromper, mais plus il la détaille, et plus cela lui semble évident. Il y réfléchit et comprend certains comportement de la roublarde. Sa surprotection de Layla, son agressivité et sa méfiance envers lui. De la jalousie ? Pourquoi pas. Il va lui falloir tester cette théorie, et cette nuit à l’auberge est peut-être le moment parfait pour le faire. Il se lève et va retrouver Catlyn, lorsqu’il s’approche d’elle, elle lui lance un regard méfiant. Derreck lui sourit, se tourne vers Layla qui est encore en train de chanter et déclare : « C’est la première fois que je la vois ainsi. Elle a l’air heureuse... » L’air de rien il libère un peu du Souffle de Yag. Catlyn lui offre une moue réprobatrice :
-Si tu la connaissais, tu saurais qu’elle ne vit que pour la musique. La seule raison pour laquelle elle n’est pas ménestrelle à temps plein, et qu’elle ne parvient pas à gagner sa vie avec. La compétition dans le domaine est trop rude, et son talent n’atteint pas le génie de certains de ses pairs. Elle doit donc compenser avec autre chose. » Derreck soupire en souriant :
-Tu tiens beaucoup à elle. » Catlyn s’agace :
-Elle est comme une sœur pour moi.
-Si ça peut te réconforter, Layla m’a dit la même chose à ton sujet. » L’expression furibonde de la roublarde se teinte de tristesse. Nostalgie ou mélancolie due à un amour à sens unique ? Impossible de savoir. Derreck enfonce le clou et libère toujours son miasme : « Tu sais, elle a de la chance de t’avoir pour la protéger. C’est une chouette fille et ça me rassure de savoir que tu veilles sur elle. » Catlyn grogne :
-Arrête ton char va, je sais très bien que tu ne veux qu’une chose, c’est te frayer un chemin vers son entrejambe. Je suis la seule chose qui t’en empêche.
-Enfin Catlyn… Layla n’est pas qu’une…
-Ne te fatigue pas à essayer de m’attendrir. Je sais parfaitement que tu cherches à nous monter l’une contre l’autre. Est-ce que tu sais combien de salopards ont tenté leur chance ? Personne n’y est parvenu, parce que je me préoccupe de Layla bien plus qu’aucun mâle ne le fera jamais. » Derreck note l’emploi de ce terme péjoratif, son intuition selon laquelle Catlyn est homosexuelle se confirme de plus en plus. Ils sont interrompus par la fin d’une chanson. Derreck se met à applaudir, la roublarde fait de même, il termine de lui faire avaler un filet de miasme et s’arrête espérant que ce sera assez. Layla s’excuse auprès des clients qui redemandent une nouvelle gigue, mais la ménestrelle avoue mourir de faim. À cette annonce la matrone leur apporte leur assiette, et remercie la barde avant de déclarer un peu boudeuse : « Bon ça ira pour notre marché… Vous pouvez dormir ensemble. Par contre je vous préviens, si vous déranger les autres clients d’une manière ou d’une autre, je vous jette dehors. On s’est bien compris ? » Le trio hoche la tête, la tenancière leur sourit et leur souhaite un bon appétit. Ils mangent une purée de légumes avec de grandes tranches de pain, rien de bien élaboré ni savoureux, mais nourrissant et chaud. Durant le repas Derreck remarque que Catlyn est mal à l’aise et se tortille sur sa chaise, elle lance des œillades discrètes vers Layla, et ne s’aperçoit pas de l’examen du jeune homme. Une fois l’estomac plein ils récupèrent la clé de leur chambre auprès de la tenancière et montent à l’étage. Ils entrent dans une pièce étriquée avec un lit double, une table et une chaise. Une petite fenêtre est fermée, Derreck s’occupe de rabattre le volet puis installe sa couverture au pied du lit, à un endroit duquel il ne peut pas voir ce que les filles font. Ils s’allongent tous pour dormir et se souhaitent une bonne nuit. Il prétend rapidement s’endormir en ralentissant sa respiration et attend. De longues minutes s’écoulent durant lesquelles il ne se passe rien. Puis il entend quelqu’un remuer, suivit de petits gémissements. Il fait tout pour rester immobile et son cœur s’emballe, il retient sa respiration lorsqu’il entend Layla murmurer : « Cat qu’est-ce que tu fais ? » et la roublarde répondre dans un soupir rauque :
-Lilou... » Puis des bruits de baisers et :
-Arrête tu es folle. » Plus de remue-ménage :
-Attends… Je t’en prie… Comme au bon vieux temps... » Derreck jubile en son for intérieur : Je le savais… Mais Layla rétorque :
-Non… Derreck est juste là... » Il les entend s’embrasser à nouveau et sent sa queue durcir rien qu’en les imaginant : « Cat… on ne peut plus faire ça…
-Juste un peu… aller… caresse-moi Lilou… On ne fera pas de bruit et ton prince charmant n’en saura rien... » Derreck s’amuse de cette remarque et l’entend gémir doucement. Bruits de sucions, draps qui se froisse et halètements emplissent la chambre à mesure que les filles s’échauffent. Derreck perçoit Catlyn marmonner : « Ça vient… oui… oui... » et il pousse un grognement étouffer et remue sur place. Les deux amantes se figent et la pièce retombe dans un silence complet. Le calme s’éternise puis les frictions reprennent et Layla chuchote : « Arrête il va se réveiller…
-Si tu ne m’aides pas je le fais toute seule.
-Mais tu es complètement folle ! » Derreck décide de mettre fin à ce petit jeu en se retournant et en demandant d’une voix faussement endormie :
-Les filles ?… Tout va bien ?... » Il n’obtient aucune réponse, remue à nouveau et simule de s’endormir. Quelques minutes plus tard, Layla murmure : « Si tu recommences, je redescend dans l’auberge. » Nouveaux froissements des draps, puis plus rien. Derreck attend encore de voir si quelque chose va se passer, mais rien. Finalement le sommeil l’assomme et il sombre dans les limbes.
Le lendemain la pluie s’est arrêtée. Ils décident de reprendre la route le plus rapidement possible et ne déjeunent pas à l’auberge. Ils grignotent un gâteau sec en chemin, en empruntant le pont au dessus de l’Irodon. Ils sont contrôlés au poste de garde à l’entrée des Aidrales et poursuivent leur route. En fin d’après-midi ils parviennent à un croisement et la route pavée laisse place à un chemin de terre, tandis qu’ils prennent la direction d’Hiveren. Ils sont légèrement en avance sur les prévisions de Derreck, notamment grâce à leur course de la veille. À mesure qu’ils progressent, la végétation change. Les arbres se transforment en pins et les buissons se font plus rares. Catlyn boude dans son coin toute la journée et laisse Derreck en paix, ce qui convient parfaitement au jeune homme. En revanche, il sait désormais pour quelles raisons la roublarde s’en prenait à lui, et il ne cherche plus le contact de Layla. Il la laisse venir à lui quand elle en a envie, sans la fuir, mais il ne s’approche pas d’elle, pour ne pas provoquer son amie. Qui d’ailleurs, les sépare chaque fois qu’elle le peut. Pour la nuit, ils trouvent un conifère déraciné au pied duquel ils s’installent et tentent de faire un feu. Mais l’humidité fait échouer toutes leurs tentatives et il finissent pas manger des rations sèches et se coucher. Catlyn se propose pour prendre le premier tour de garde, tandis que Derreck et Layla s’allongent pour dormir. Il est cependant réveillé quelques minutes après s’être assoupit, la ménestrelle lui demande embarrassée : « Je… J’ai froid… Est-ce que je peux… m’allonger auprès de toi ? » Derreck fronce les sourcils, il regarde autour de lui et constate que Catlyn les a entendu et trépigne de rage. Il hésite, mais finit par se résigner :
-Bien sûr, viens là... » Ils se blottissent l’un contre l’autre et s’enroulent dans leurs couvertures. Derreck est si fatigué, que même le parfum de la barde ne parvient pas à l’exciter. Il replonge dans le sommeil en appréciant la douce chaleur du corps de Layla. Quelques heures plus tard, Catlyn lui pince l’oreille. Il émerge et elle chuchote : « Pousse toi de là, c’est à ton tour, laisse-moi ta place. » Il opine du chef et se redresse le plus délicatement possible. Il réveille tout de même Layla qui marmonne :
-Quoi ?... » Derreck lui murmure :
-Je prend mon tour, Catlyn va dormir avec toi. » La ménestrelle se rendort, et le jeune homme et la roublarde changent de place. Il attrape son sac et y prend son livre qu’il continue de lire à la lueur de la lune. Plusieurs heures plus tard, Derreck doit réveiller Layla, mais lorsqu’il la voit blottit dans les couvertures contre Catlyn, il n’en a pas le courage. Il se lève, s’étire et va marcher quelques pas autour du campement. La nature ici est magnifique, il parvient à une clairière traversée par un mince courant d’eau et découvre des buissons de menthe fraîche. Il jubile et commence à les cueillir jusqu’à ce qu’un bruit l’alerte. Il dégaine son arc et ses flèches pour découvrir Layla qui se frotte les yeux : « Qu’est-ce que tu fais ? » Le jeune homme l’invite à s’approcher et explique :
-Je ne voulais pas te réveiller, mais j’avais besoin de bouger un peu. J’ai marché quelques pas et regarde ce que j’ai trouvé. » Il lui colle une feuille de menthe sous le nez, et elle la renifle avec plaisir. Derreck la range avec d’autre dans une besace et s’accroupit pour continuer sa collecte. Il soupire : « Dommage qu’on n’ai pas réussit à faire un feu, je nous aurai préparé des infusions pour nous réchauffer. » Layla vient se coller à lui et lui susurre :
-Il y a un autre moyen de se réchauffer... » Avant de l’embrasser dans le cou. Derreck se laisse faire, persuader qu’elle joue avec lui, mais quand les mains de la barde commencent à descendre sur son entrejambe, il déclare :
-Layla… loin de moi l’idée de vouloir te dissuader de continuer mais… Il faut retourner au camp et Catlyn ne nous laissera pas faire… » Il se redresse en l’aidant à faire de même. Elle lui sourit :
-Pas besoin qu’elle le sache, on peut s’éloigner et se cacher derrière un arbre. » Derreck lui caresse le visage :
-On ne peut pas laisser Catlyn toute seule. » Layla l’embrasse à pleine bouche et murmure :
-Oublie-la un peu... » Derreck glisse ses doigts dans les boucles auburn de la ménestrelle avant de se libérer de son étreinte et de dire :
-Tu sais qu’elle t’aime, n’est-ce pas ? » Elle le regarde en fronçant les sourcils et avec un ton agacé :
-Oui… je te l’ai dit, elle est comme ma sœur. » Derreck secoue négativement la tête :
-Non, toi tu le vis comme ça, mais elle… » Layla hoche la tête :
-Je lui ai pourtant dis… Mais je crois que c’est de ma faute. Nous avons partagé notre intimité pendant longtemps, mais je suis la première a être tombée amoureuse d’un garçon. » Elle se blottit contre lui : « Comme tu peux t’en douter, ça ne s’est pas bien terminé, et je suis aller pleurer dans les bras de Cat… À présent je me demande si mes jérémiades n’ont pas influencé ses relations à elle. » Ils marchent vers le camp tandis qu’elle continue : « Chaque fois qu’une de mes histoires s’est terminée, j’allais trouver Cat… Si bien que le peu de fois où elle s’est laissée approcher par des hommes, elle partait du principe qu’ils allaient la faire souffrir.
-Impossible pour elle de faire confiance à son partenaire. » Layla hoche la tête :
-Depuis, elle n’a jamais vraiment essayé de trouver l’amour. Elle couche avec un aventurier de temps à autre, un qui lui plaît ou qui est suffisamment confiant pour la draguer. Mais autrement… elle est restée bloquée à notre flirt d’adolescente... » Elle attrape la main de Derreck et l’arrête : « Mais pas moi... » puis l’embrasse. Il comprend qu’elle n’acceptera pas un refus et la laisse faire, mais par hasard, il surprend un bruit de feuille froissée, et aperçoit Catlyn qui les espionne. Son cœur se fige, il a envie de repousser Layla pour ne pas s’attirer les foudres de la roublarde, mais la ménestrelle a déjà glissé ses mains sous sa chemise. Il décide de passer à l’offensive, il caresse la barde avant de glisser ses doigts le long de sa fente. Avec talent il la fait trembler de plaisir, si bien qu’elle doit se cramponner à lui pour ne pas tomber à genoux. Il continue de la faire gémir, sa main est comme brûlée par le désir de Layla. Il la bâillonne avec l’autre et murmure : « Moins fort, tu vas réveiller Catlyn... » Après quoi il la doigte et lui caresse le clitoris, il la sent se tendre et s’arquer, puis elle jouit. L’âme de Derreck se teinte un peu plus de la puissance de Yag. Layla s’apaise et commence à vouloir lui déboutonner le pantalon. Derreck l’arrête et lui dit : « Non, laisse… Retournons au camp, je suis fatigué. » Elle semble déçue mais obtempère. Derreck cherche Catlyn du regard mais ne la trouve pas. Ils marchent, arrivent à leur couverture, et trouve l’endroit abandonné. Derreck feint une légère surprise avant de déclarer : « Elle a dû aller se soulager plus loin. » Sauf si elle se masturbe après nous avoir vu… Layla est embarrassée :
-Tu crois qu’elle nous a vu ? » Le jeune homme hausse les épaule. Elle finit par déclarer :
-Va dormir, je monte la garde. » Le jeune homme lui dépose un baiser sur les lèvres et s’exécute. Il s’allonge en imaginant la roublarde les fesses à l’air, tentant vainement de se satisfaire. Leur relation ne s’était pas améliorée, mais ces derniers temps il avait eu la paix. Cependant quelque chose lui disait que les hostilités reprendraient le lendemain.
Et il ne s’était pas trompé. Dès les premières minutes de marche, Catlyn vient se coller à lui. Mais contrairement à ce qu’il imaginait, elle ne lui crie pas dessus, au contraire elle lui déclare tout bas : « Je sais que c’est toi... » Le cœur de Derreck manque un battement, mais il fait tout pour la regarder avec confusion :
-De quoi est-ce que tu parles ? » Elle lui sourit avec un air mauvais :
-Tu sais très bien de quoi il s’agit… Je ne sais pas comment tu fais, mais chaque fois que je m’approche de toi je... » Elle se met à rougir. Derreck continue de jouer l’ignorant :
-Mais enfin… explique-moi... » Catlyn s’énerve et crache :
-Je te démasquerai, et je montrerai à Lilou qui tu es vraiment… En attendant tu ne la touches plus… C’est bien clair ? » Puis elle s’éloigne. Derreck la laisse partir sans utiliser le Souffle, craignant que la roublarde ne comprenne son petit jeu. Bien forcé de ronger son frein, il ne peut pas pousser Catlyn sur le chemin de la dépravation sans avoir à coucher avec elle. Ce qu’il se refuse à faire pour ne pas peiner Layla. Ils passent la journée à marcher, et Derreck tente d’insuffler quelques vapeurs du miasme aphrodisiaque en direction de Catlyn. Il parvient à parfaire sa maîtrise du Souffle et ainsi accroît la frustration de Catlyn quand elle est éloignée de lui, sans jamais atteindre Layla.
Les journées défilent et à mesure qu’ils progressent, la roublarde est de plus en plus à cran. Elle tente à plusieurs reprises de se masturber et d’atteindre l’orgasme, mais sans succès. Elle est repoussée par Layla qui refuse de partager son intimité avec elle, et elle s’en prend à Derreck, même si ce dernier remarque de pathétique tentatives de flirt de sa part. Elle fait exprès de déboutonner sa veste pour dévoiler son décolleté, prétend le bousculer involontairement mais en profite pour le tripoter ou encore s’arrête pour inspecter des traces et lui présente son postérieur moulé dans sa tenue de cuir. Derreck s’en amuse intérieurement, mais conserve son calme et ne succombe pas aux tentations. Elle semble vouloir coucher avec lui, mais doit éprouver les mêmes scrupules que lui à trahir Layla. Il la surprend à l’espionner à une occasion alors qu’il se lave dans une rivière. Il fait alors mine de ne pas la voir et la laisse se rincer l’œil. Ce petit jeu de séduction et de frustration ne trouve cependant ni vainqueur, ni perdant, et perdure jusqu’à la fin de voyage.
Ils parviennent à Hiveren après trois jours, juste avant la tombée de la nuit. L’endroit est rustique, avec des habitations en planches, rondins et toits de tuiles. Lorsqu’ils se rendent à l’auberge, Derreck n’est pas étonné de se voir dire que toutes les chambres sont vides. Il décide d’en prendre une à part et laisse les filles décider pour elles. Layla souhaite être seule et en réserve une autre pour elle, au grand dam de Catlyn. Ils louent donc trois lits et commandent trois repas avec. Il s’avère que l’établissement propose une pièce avec un baquet d’eau pour la toilette, et Derreck en profite pour se laver. Alors qu’il baigne dans son jus, Catlyn entre sans frapper et vient se planter devant lui : « Maintenant que nous sommes arrivés, tu peux nous dire ce que nous sommes venus faire dans ce trou perdu ? » Derreck soupire et se lève, révélant sa nudité à la roublarde qui rougit, mais ne détourne pas le regard. Il déclare :
-Je dois me renseigner, a priori un ancêtre de mon bienfaiteur lui a laissé un héritage qu’il n’a jamais eu le courage de venir chercher. » Il interrompt la question de Catlyn en sortant du baquet et en s’approchant d’elle pour coller son visage à quelques centimètres de celui de la roublarde. Il grogne alors : « Le reste est d’ordre privé, bien que ce concept te soit étranger. Je vais tâcher de m’en occuper dès demain et quand ce sera réglé, nous rentrerons tous à Langekan. » À sa grande surprise Catlyn agrippe son sexe et l’embrasse. Il se recule en s’exclamant : « Mais ça ne va pas non ?! » Il en profite cependant pour libérer un petit nuage de miasme. La roublarde devient cramoisie de honte et balbutie :
-Je… Qu’est-ce qu’il m’a pris… je suis... » Puis elle passe de l’embarras à la colère et dégaine un poignard : « C’est toi… Tu m’as lancé un sort... » Derreck se recule et feint d’être apeuré :
-Catlyn, arrête ! Tu délires ! Je ne suis qu’un pauvre garçon des bois… je suis incapable de pratiquer la magie ! » Elle se met à trembler et des larmes apparaissent aux coins de ses yeux :
-Alors pourquoi ?! Pourquoi est-ce que je suis... » Elle s’effondre soudain et se recroqueville en pleurant. Derreck adopte un ton peiné et lui avoue :
-Tu sais… si je n’avais pas eu Layla… j’aurais été content que tu… » Elle lui rétorque sans le regarder et avec un ton boudeur :
-Tais-toi… Fiche le camp... » Il n’insiste pas et attrape une serviette. Il s’essuie rapidement et renfile son pantalon avant de sortir. Après quoi il termine de se rhabiller et va dans la salle commune. Il demande à avoir son repas et reçoit une généreuse portion de gratin de panais. Il en profite pour discrètement questionner le propriétaire, afin de savoir si il existe un domaine abandonné dans les environs. L’aubergiste lui confirme qu’en continuant au nord du village, il devrait trouver un chemin menant à un vieux manoir. Il le remercie, mange seul et lorsqu’il a terminé, monte dans sa chambre où il s’enferme à clé. Il décide de préparer son matériel pour une expédition nocturne et s’allonge pour se reposer. Layla vient frapper à sa porte, il l’entrouvre et lui explique qu’il est épuisé et a déjà mangé. Elle semble peinée et s’éloigne en traînant des pieds. Il retourne se coucher et s’endort rapidement. Il se réveille au beau milieu de la nuit, s’habille et s’équipe. Il sort, verrouille sa porte et prend le temps d’écouter aux portes de Layla et Catlyn afin de vérifier qu’elles soient bien endormies. Lorsqu’il est certain d’avoir le champ libre, il s’éclipse aussi discrètement que possible et quitte l’auberge pour se diriger vers le nord. Il marche de longues minutes avant de trouver un panneau indiquant un croisement. Cependant le chemin menant au manoir n’a pas été entretenu depuis des années, et Derreck le distingue avec difficulté. Il l’arpente lentement pour ne pas se perdre, et après cinq bonne minutes il parvient aux grilles du domaine. Les murs en briques sont encore debout, mais le portail en fer forgé est dégondé et un battant gît au sol, empêtré dans des plantes grimpantes. Derreck l’enjambe et s’approche du manoir, la bâtisse n’est pas en ruine, mais le fait que la porte et les fenêtre aient été défoncées, lui fait dire qu’il ne doit pas rester grand-chose. Il prend tout de même le temps de l’explorer. Au rez-de-chaussée, chaque pas qu’il fait, entraîne un craquement sinistre des lattes du parquet. Il découvre dans le hall, les traces d’un feu et réalise que des voyageurs ont dû s’installer dans le manoir pour y passer la nuit. Il s’approche des cendres, et constate qu’elles sont froides. Il ne semble pas y avoir de danger immédiat, mais il dégaine tout de même son couteau. L’état général des meubles et des murs, lui fait dire qu’il ne trouvera rien dans la demeure délabrée, et il sort par la porte de derrière. Le terrain est vaste, et une partie se trouve dissimulée dans une forêt de conifères. Il part explorer le lopin de terre en suivant les murs entourant le domaine, et finit par tomber sur un petit cimetière avec un mausolée au milieu. Il s’agit d’une simple construction en briques grises, l’édifice a lui aussi été fracturé, et le cœur de Derreck se serre dans sa poitrine, si l’Aethog a disparu, il va avoir un sérieux problème. Il se rue vers la construction et l’inspecte. L’endroit contient un sarcophage en pierre qui a été ouvert, il s’approche, le corps à l’intérieur y est toujours, gravement décomposé, il s’agit plus d’une squelette que d’un cadavre désormais. Il semble avoir été dépouillé de ses richesses, Derreck sent une frustration monter en lui et il frappe le bord de la sépulture avec colère en s’exclamant : « Merde ! Si près du but... » Il continue de chercher pendant quelques instants, puis lorsqu’il ne trouve rien, se résigne à faire demi-tour. Son cœur cesse de battre lorsque la main osseuse du mort l’agrippe. Il voit avec effroi le macchabée se redresser et se glisser hors du cercueil en pierre. Les orbites vides du défunt le fixe et sa mâchoire s’ouvre. Derreck perçoit une voix, comme venue des tréfonds de la terre, aussi sèche qu’un désert et froide que la glace : « Derreck Spencer… vôtre âme est due au Roi éternel… et je viens la collecter... »
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